Après un échec cuisant pour visionner le film d’Hitchcock, L’Auberge de la Jamaïque, (la qualité du DVD était épouvantable), j’ai décidé de lire le roman, écrit en 1935 par la romancière anglaise Daphné du Maurier (écrivain du célèbre Rebecca). J’ai passé un très bon moment en lisant ce roman.
Angleterre, 1820. A la mort de sa mère, la courageuse Mary Yellan est contrainte de quitter sa petite ferme du sud de l’Angleterre (à côté d’un familier Helston !) pour aller vivre auprès de ses oncle et tante. La vie de la jeune femme change du tout au tout. Son oncle est le terrifiant tenancier de l’Auberge de la Jamaïque, vieille bâtisse humide et crasseuse, isolée en pleine Cornouailles, au beau milieu de la lande sinistre. Joss Merlyn annonce la couleur à sa nièce : personne ne vient jamais à l’auberge, et il s’y passe des choses effrayantes qu’elle ne doit surtout pas chercher à connaître.
Mary découvre peu à peu à quoi sert l’Auberge de la Jamaïque. Son oncle est le responsable d’un large réseau de contrebande, qui part de la côte Atlantique et s’étend tout le long de la grande route qui traverse la lande (la seule habitation présente sur cette route étant La Jamaïque). De découverte en découverte, l’intrépide jeune femme s’épuise.
Alors qu’elle en vient à éprouver pour son oncle mépris et dégoût, elle se sent prisonnière : comment dénoncer les contrebandiers alors que sa malheureuse tante, soumise à son oncle comme un chien fidèle, est à sa merci ? Que faire lorsqu’il n’y a pas âme qui vive à des lieues à la ronde ? Et puis, qui dit que les étrangers ne vont pas la croire de mèche avec Joss Merlyn ?
L’Auberge de la Jamaïque est un vrai roman d’aventure, dans la plus pure tradition anglaise. Daphné du Maurier dresse de superbes tableaux de la lande, tous différents. La lande déserte et désolée, marécageuse, battue par les vents glacials de l’hiver, couverte de bruyère et de pousses d’herbe brune, surplombée par d’imposantes masses de granit, souvent plongée dans un épais brouillard gris et froid.
L’auteure est très habile dans l’évocation des lieux : la lande, la Jamaïque (cette vieille auberge, pleine de murmures et de secrets inquiétants), la petite maison du vicaire, les intérieurs sombres des coches, la ville de Launceston... On est envoûté, sans possibilité de s'échapper.
Les personnages sont très bien dessinés eux-aussi. A mesure que l’histoire avance, je me suis surprise à hésiter quant à mes sentiments pour chacun d’eux. Les "méchants" finissent par susciter la pitié, et les "gentils", sont complexes et tous fascinants.
Joss Merlyn nous effraie au départ, avec sa grande taille, sa tête de singe, et ses larges mains, parfois délicates, qui font frémir Mary. Auprès de lui, la tante Patience, auparavant si gaie, et à présent constamment angoissée, timorée et faible. Quant à Mary Yellan, c’est une héroïne douce, courageuse, intrépide, et parfois naïve. Je l'ai trouvée intéressante et attachante.
Pour aider la jeune femme, bien souvent livrée à elle-même, deux messieurs. Il y a d’abord Jem Merlyn, le frère de l’aubergiste, plaisantin au cœur dur, pour lequel Mary vient à avoir un faible ; et puis le très particulier vicaire albinos, Francis Davey, que j'ai littéralement adoré, et que je classe parmi les personnages de roman qui m'ont le plus marquée. Mention spéciale donc pour Francis Davey, parce qu'il m’a réellement fascinée. La voix douce, le regard froid, beaucoup de tact, et une très grande intelligence … trop grande ? Assez en tout cas pour mettre le lecteur mal à l’aise ! Les scènes avec lui sont passionnantes, et ajoutent beaucoup de suspense à l'intrigue.
Donc pour l’atmosphère bien romanesque, bien lugubre, et un brin fantastique, j’ai beaucoup apprécié ce livre. Ceci dit, j’ai trouvé qu’il avait un peu "pris de l’âge". On trouve aujourd’hui de nombreux romans dont l’intrigue est parfaitement menée du début à la fin. Au contraire, j’ai trouvé ici que le récit était parfois maladroit.
Inutile de m'attarder. Parce que finalement, ces quelques maladresses ne sont que la marque de l'époque d'écriture du roman, et donnent au texte un certain charme suranné (désolée, je ne trouve pas d'autre mot !). Juste une petite chose tout de même. J'ai beaucoup aimé que le dénouement de l'intrigue soit inattendu (pour moi en tout cas). Mais justement, pourquoi avoir apporté ces éléments si captivants à la fin de l’histoire seulement ? Daphné du Maurier aurait pu apporter plus d'indices tout au long du roman, ce qui aurait sans doute donné encore plus de suspense à l'histoire (ceci dit, c'est peut être seulement moi qui suis passée à côté des détails !).
Bref, pour ceux qui aiment les histoires très anglaises, qui apprécient l'aventure en pays hostile et humide, qui veulent rencontrer des personnages atypiques, et qui sont prêts à se laisser prendre au jeu (contrebandiers, voleurs de chevaux, alcool à volonté, héroïne courageuse et sensible à la fois, et risque de se perdre dans la lande inhospitalière ...) ! A ceux-ci, je dis : n'hésitez pas à pousser la porte de L’Auberge de la Jamaïque !
Angleterre, 1820. A la mort de sa mère, la courageuse Mary Yellan est contrainte de quitter sa petite ferme du sud de l’Angleterre (à côté d’un familier Helston !) pour aller vivre auprès de ses oncle et tante. La vie de la jeune femme change du tout au tout. Son oncle est le terrifiant tenancier de l’Auberge de la Jamaïque, vieille bâtisse humide et crasseuse, isolée en pleine Cornouailles, au beau milieu de la lande sinistre. Joss Merlyn annonce la couleur à sa nièce : personne ne vient jamais à l’auberge, et il s’y passe des choses effrayantes qu’elle ne doit surtout pas chercher à connaître.
Mary découvre peu à peu à quoi sert l’Auberge de la Jamaïque. Son oncle est le responsable d’un large réseau de contrebande, qui part de la côte Atlantique et s’étend tout le long de la grande route qui traverse la lande (la seule habitation présente sur cette route étant La Jamaïque). De découverte en découverte, l’intrépide jeune femme s’épuise.
Alors qu’elle en vient à éprouver pour son oncle mépris et dégoût, elle se sent prisonnière : comment dénoncer les contrebandiers alors que sa malheureuse tante, soumise à son oncle comme un chien fidèle, est à sa merci ? Que faire lorsqu’il n’y a pas âme qui vive à des lieues à la ronde ? Et puis, qui dit que les étrangers ne vont pas la croire de mèche avec Joss Merlyn ?
L’Auberge de la Jamaïque est un vrai roman d’aventure, dans la plus pure tradition anglaise. Daphné du Maurier dresse de superbes tableaux de la lande, tous différents. La lande déserte et désolée, marécageuse, battue par les vents glacials de l’hiver, couverte de bruyère et de pousses d’herbe brune, surplombée par d’imposantes masses de granit, souvent plongée dans un épais brouillard gris et froid.
L’auteure est très habile dans l’évocation des lieux : la lande, la Jamaïque (cette vieille auberge, pleine de murmures et de secrets inquiétants), la petite maison du vicaire, les intérieurs sombres des coches, la ville de Launceston... On est envoûté, sans possibilité de s'échapper.
Les personnages sont très bien dessinés eux-aussi. A mesure que l’histoire avance, je me suis surprise à hésiter quant à mes sentiments pour chacun d’eux. Les "méchants" finissent par susciter la pitié, et les "gentils", sont complexes et tous fascinants.
Joss Merlyn nous effraie au départ, avec sa grande taille, sa tête de singe, et ses larges mains, parfois délicates, qui font frémir Mary. Auprès de lui, la tante Patience, auparavant si gaie, et à présent constamment angoissée, timorée et faible. Quant à Mary Yellan, c’est une héroïne douce, courageuse, intrépide, et parfois naïve. Je l'ai trouvée intéressante et attachante.
Pour aider la jeune femme, bien souvent livrée à elle-même, deux messieurs. Il y a d’abord Jem Merlyn, le frère de l’aubergiste, plaisantin au cœur dur, pour lequel Mary vient à avoir un faible ; et puis le très particulier vicaire albinos, Francis Davey, que j'ai littéralement adoré, et que je classe parmi les personnages de roman qui m'ont le plus marquée. Mention spéciale donc pour Francis Davey, parce qu'il m’a réellement fascinée. La voix douce, le regard froid, beaucoup de tact, et une très grande intelligence … trop grande ? Assez en tout cas pour mettre le lecteur mal à l’aise ! Les scènes avec lui sont passionnantes, et ajoutent beaucoup de suspense à l'intrigue.
Donc pour l’atmosphère bien romanesque, bien lugubre, et un brin fantastique, j’ai beaucoup apprécié ce livre. Ceci dit, j’ai trouvé qu’il avait un peu "pris de l’âge". On trouve aujourd’hui de nombreux romans dont l’intrigue est parfaitement menée du début à la fin. Au contraire, j’ai trouvé ici que le récit était parfois maladroit.
Inutile de m'attarder. Parce que finalement, ces quelques maladresses ne sont que la marque de l'époque d'écriture du roman, et donnent au texte un certain charme suranné (désolée, je ne trouve pas d'autre mot !). Juste une petite chose tout de même. J'ai beaucoup aimé que le dénouement de l'intrigue soit inattendu (pour moi en tout cas). Mais justement, pourquoi avoir apporté ces éléments si captivants à la fin de l’histoire seulement ? Daphné du Maurier aurait pu apporter plus d'indices tout au long du roman, ce qui aurait sans doute donné encore plus de suspense à l'histoire (ceci dit, c'est peut être seulement moi qui suis passée à côté des détails !).
Bref, pour ceux qui aiment les histoires très anglaises, qui apprécient l'aventure en pays hostile et humide, qui veulent rencontrer des personnages atypiques, et qui sont prêts à se laisser prendre au jeu (contrebandiers, voleurs de chevaux, alcool à volonté, héroïne courageuse et sensible à la fois, et risque de se perdre dans la lande inhospitalière ...) ! A ceux-ci, je dis : n'hésitez pas à pousser la porte de L’Auberge de la Jamaïque !
J'aime beaucoup ton commentaire sur ce livre, que j'ai découvert avec bonheur il y a longtemps et qui reste parmi mes préférés de cette auteure. Je n'ai pas le souvenir assez précis du livre pour reconnaître les maladresses dont tu parles, et contrairement à toi je trouve plutôt bien que le dénouement m'ait prise complètement au dépourvu, sans qu'il n'y ait rien qui l'annonce, sauf qu'en repensant aux évènements, on découvre qu'effectivement il ne pouvait guère en être autrement ! Mais je te suis absolument pour tout ce qui concerne l'atmosphère mystérieuse et "tempêtueuse" de l'histoire, ainsi que l'ambiguïté des personnages (surtout Clem, charmant, mais pas vraiment le héros romanesque type !^^)D'autre part ne regrette pas de ne pas avoir pu voir le film : il est très mauvais, l'histoire complètement trahie, les acteurs (même le grand Charles Laughton) tout à fait à côté des personnages.
RépondreSupprimerRavie de vous trouver ici Dame Clinchamps ! Alors je suivrai tes conseils, et n'irai pas voir le film Hitchcock !
RépondreSupprimerQuand je parle de maladresses, je pensais à ces moments où il est censé y avoir beaucoup de suspense (quand Mary découvre que son oncle est naufrageur par exemple). A ces moments là, je n'ai rien ressenti de particulier, et j'ai trouvé que le suspense était en quelque sorte"artificiel". C'est en ceci que je pense que le livre a un peu vieilli, sans doute parce que le lecteur actuel est moins facilement impressionnable !
Mais enfin, tout ceci n'est pas très important, et j'ai beaucoup aimé ce roman. Le prochain vers lequel je me tournerai sera peut être Rebecca.
Wouah la coïncidence... aujourdh'ui je suis allée trainer dans une librairie et j'ai acheté Rebecca, juste parce que c'était pas cher^^ moi qui ne connais absolument pas Daphné du Maurier.
RépondreSupprimerBon alors si ça m'intéressera, je lirais L’Auberge de la Jamaïque aussi parce que j'aime bien ton commentaire là (plus que celui que t'as pu faire oralement lol!)
Deux remarques à ton commentaire Rena :
RépondreSupprimer1) Tu achètes Rebecca pour découvrir Daphné du Maurier ... et c'est bien grâce à moi ?!
2) Ceci malgré le fait qu'apparemment je n'ai pas du tout réussi à m'exprimer oralement ! Non mais enfin, je me suis vraiment embrouillée à ce point ? ^^
1) Pour Rebecca, je sais pas grâce à qui je l'ai acheté, le livre m'a regardé, je l'ai pris:D
RépondreSupprimer2) en fait je retrouve pas du tout dans ton article ce que tu avais raconté oralement... et l'article donne plus envie de lire cette histoire lol! voilà tu devrais donc t'exprimer à l'écrit... et écrire des bouquins :p
Je n'ai pas encore lu cette auteure, mais il faudrait bien que je me lance!
RépondreSupprimerNous avons un sujet à l'auberge, et les membres donnent des pistes de lecture. Mais je crois bien que les titres qui reviennent le plus souvent sont L'auberge de la Jamaïque et Rebecca.
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