lundi 7 novembre 2011

→ CHAQUE SOIR A 11 HEURES - MALIKA FERDJOUKH

Chaque soir à 11 heures est le nouveau roman de Malika Ferdjoukh. Contrairement à ce que j’attendais, ce roman n’a pas été un coup de cœur.

Avant toutes choses, je souhaiterais remercier les éditions Flammarion qui m’ont fait parvenir le roman en avant première (oui, je l’ai reçu en août, mais je le lis seulement maintenant alors que tout le monde l’a déjà acheté et lu, je sais c’est bête !), Malika Ferdjoukh (qui m’a fait une très chouette dédicace rien que pour moi), et Nathy’s, sans qui je n’aurais pas eu l’occasion de recevoir ce roman avant tout le monde (et puis j’adore recevoir des paquets surprises par la poste, qui plus est quand ce sont des livres !).

De Malika Ferdjoukh, je n’ai lu que la série des Quatre sœurs (et encore, pas tous les tomes), qui avait été pour moi un véritable coup de cœur en même temps qu’une bouffée d’optimisme. J’attendais donc beaucoup de Chaque soir à 11 heures, qui se voulait un petit peu "roman gothique anglais à Paris en 2010". Tout à fait de quoi m’attirer.

Quand je l’ai eu en main, le livre a été encore plus attirant. Il inaugure la nouvelle collection Emotions de Flammarion, et pour l’occasion un tout nouveau design. J’adore la couverture (un genre de tapisserie de manoir, mais rose bonbon) et je trouve que le livre a la taille idéale (ni trop petit, ni trop gros, c’est le genre de livre qui tient bien en main et que j’adore tenir !).

Toute l’histoire se déroule à Paris. L’héroïne est Willa (diminutif du prénom barbare de Wilhelmina). Lycéenne de première S, réservée sans être vraiment timide, Willa considère qu'elle fait partie des « petits chats mouillés ». Ni très jolie, ni très intelligente, Willa se voit plutôt comme la fille lambda, insignifiante, discrète, que personne ne remarque jamais. Il faut dire qu’à côté de sa copine Fran (flamboyante, originale, brillante et sûre d’elle, a priori inspirée de Paris Hilton), on ne remarque jamais grand monde. La seule personne qui ait jamais remarqué Willa est Iago, le frère de Fran, qui lui, attire tous les regards.

Tout commence par l’anniversaire de Fran. Alors que le beau Iago se montre plutôt réservé avec Willa, et que Fran tente désespérément de séduire Melville Sieber, son prof de physique-chimie (jeune, terriblement sympathique et homosexuel), Willa fait la connaissance d’un étrange garçon, Edern Fils-Alberne, taciturne, pince-sans-rire, et tout vêtu de noir, qui la fait penser à Daddy-long-legs et Edward-aux-Mains-d’Argent.

Très vite, Willa rencontre toute la famille Fils-Alberne. Il y a Roch l’ainé plutôt bourru, et sa copine excentrique Isebelle, El et Seconde les vieux domestiques de la maison, Jean-Marie (un genre de meuble hideux et inutile qu’il faut saluer sous peine de se voir faire un croche-patte), quatre chats roux aux noms irlandais (O’Henry, O’Connor, O’Brien et O’Poulos) et surtout Marni, la petite sœur. Marni est adorable, vive d’esprit, enthousiaste (sans doute le personnage le plus attachant du roman) et joue du piano avec Willa qui l’accompagne avec Flannagan, son saxophone.

« Moi c’est Marni. Tu as apporté ton saxophone ?
- Non. Ma visite ce soir n’était pas prévue, en fait. Tu aimes le boogie-woogie, il paraît ?
- J’adore. Je le chabadabada grave même. Schubert aussi. Mais le boogie-woogie, ça me joyeuse. Je ne joyeuse pas tellement sinon. Avec maman… on jouait souvent ensemble. »


Les parents Fils-Alberne, à la tête d’une énorme entreprise pharmaceutique, sont décédés dans de terribles circonstances, et les enfants vivent seuls dans une immense demeure appelée Fausse-Malice, perchée sur la butte Montmartre, sombre et inquiétante.

A partir du moment où Willa découvre Fausse-Malice, sa vie change. Entre Iago qui fait des siennes, ses parents qui sont moins adultes qu’elle, et les mystères et malheurs de Fausse-Malice, Willa n’est plus vraiment maîtresse des événements. On finit même par essayer de la tuer… Et pourquoi les aiguilles de la vieille horloge de Fausse-Malice se bloquent elles, tous les soirs à 11 heures ?

Je ne vais pas dire que Chaque soir à 11 heures m'a vraiment déçue. Seulement j’attendais tellement, que forcément, je ne suis pas aussi enthousiaste que prévu. J’ai plusieurs reproches à faire, mais ceux-ci sont peut-être liés à ma lecture décousue du roman (ça va faire un bout de temps que je l’ai commencé), à ma lecture dans d’assez mauvaises conditions (le métro c’est plutôt moyen pour se concentrer), et à mon (grand) âge ! (même si l’âge ne m’avait pas du tout du tout empêchée d’aimer infiniment Quatre sœurs).

Tout d’abord j’ai trouvé l’histoire de Willa et de Iago un peu convenue, pas franchement captivante, et parfois un peu longue. En fait, le début du roman en son entier m’a semblé long (notamment la première scène de l’anniversaire). Au contraire, j’aurais souhaité passer plus de temps auprès de la famille Fils-Alberne et en compagnie d’Edern et Willa, dont l’attachement m’a semblé un peu (trop ?) immédiat. Et puis, je ne me suis pas sentie si proche de Willa (pour ce qui est des filles « petits chats mouillés », j'ai vu pire). Enfin, le dénouement m’a paru plutôt abrupt. J’aurais aimé une fin plus détaillée, plus douce...

En fait, le reproche majeur que je ferais à Malika Ferdjoukh, c’est peut-être d’en faire trop. Son style est unique, et je l’apprécie énormément. Mais ici (étais-je trop fatiguée, ou suis-je simplement trop terre-à-terre ?), j’ai trouvé que le second degré était trop présent et que le lecteur avait bien peu de répit. La recherche constante d’un humour ou vocabulaire original m’a paru un brin forcée, presque snob, nuisant même à certains passages.

Et puis, j’ai trouvé dans le roman, de nombreuses coquilles et quelques fautes d’orthographe. D'ordinaire je les remarque peu, parce que je suis trop absorbée par ma lecture, mais cette fois-ci, cela m’a frappée.

Néanmoins, Chaque soir à 11 heures reste dans l’ensemble une histoire agréable à lire. Mes réserves mises à part, j’aime le style de l’auteur. La langue est riche, l’humour est subtil et surprenant, le style fluide, léger, précis. Le plus grand talent de Malika Ferdjoukh à mes yeux, c’est son habileté à créer une atmosphère. C’était très vrai dans Quatre sœurs, ça l’est aussi ici (quoiqu'un peu moins).

« L’édredon avait le gonflant de la plume. Le feu crépitait. Je me suis assise dans une bergère pleine de dignité. Je me sentais bien.
- Tu m’as l’air coquette, toi, lui chuchotai-je. […]
Coquette se parait d’une tapisserie à rembourrage, usée certes mais non dénuée de charme et de confort. Je me suis lovée entre ses bras et j’ai nettoyé bec et contre-bec de mon saxo avec sa graisse spéciale à la fleur de pommier. […] Tout cela en contemplant les flammes dans la cheminée. »


La maison des Fils-Alberne est gothique à souhait. Paris sous la neige est mystérieuse. Paris la nuit aussi. En compagnie des Fils-Alberne, on vit dans un autre monde, déconnecté de la réalité, c'est un peu un voyage dans le temps, vers un lieu rempli d'ombres et de poussière... Malika Ferdjoukh utilise souvent peu de mots pour décrire les ambiances, mais ce sont toujours les plus jolis et les plus appropriés.

L'auteur donne aussi des prénoms très originaux à ses personnages. C’est une idée de génie : chaque prénom nous donne aussitôt un aperçu de la personnalité du personnage. C'est si bien fait que c'en est impressionnant.

Et puis, Malika Ferdjoukh est vraiment douée lorsqu'il s'agit de faire apparaître ce qu’il y a de bon chez les gens et dans la vie en général. Optimisme (même si c’est moins flagrant que dans la série des Quatre sœurs). Ouverture d’esprit à une foule de choses passionnantes (le papa de Willa est artiste et ses œuvres ont des noms incroyables, la maman de Willa adore les vieux films américains, Fran adore la mode...). Et on peut aussi donner des noms aux fauteuils, marcher dans la neige la nuit, pommedamourer à gogo et pantagrueler de gaufres et de crêpes, ou simplement jouer du saxophone devant la cheminée.

En bref, on ne peut pas dire que je n'ai pas aimé ce roman. C'est certainement une belle réussite de la littérature jeunesse. Seulement, il ne m'a pas transportée autant que je m'y attendais.

2 commentaires:

  1. oops je pensais avoir commenté^^ Merci de ton avis!! Je comprends ce qui t'a gênée, ça a été le cas pour moi au début avec les références, mais j'ai vite oublié pour me plonger dans l'histoire :) Et sinon il faut que tu finisses de livre 4 soeurs, une merveille!

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  2. Oops j'avais oublié de te répondre Nathy's !
    Oui, il faut absolument que je finisse les Quatre soeurs, c'est vraiment chouette !

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