→ DOWNTON ABBEY (ITV) - SERIE CREEE PAR JULIAN FELLOWES

Si vous aimez l’élégance britannique, l’atmosphère feutrée des grands domaines anglais, l’excentricité et le pragmatisme de nos voisins outre-manche, la série Downton Abbey est faite pour vous !

Série diffusée par ITV, apparue sur les écrans en 2010, Downton Abbey rappelle un peu Gosford Park, Les vestiges du jour et Ces extravagantes sœurs Mitford. Depuis longtemps, cette série (considérée comme un incontournable de ce qui est produit de meilleur au Royaume-Uni) me faisait envie. A l’heure où j’écris, je viens à peine de plonger dans Downton Abbey, et (sans surprise) j’attends déjà avec beaucoup d’impatience les nouveaux épisodes de la saison 2, en cours de diffusion en Angleterre.

Début du XXème siècle. Downton Abbey est une magnifique demeure édouardienne, propriété de la famille Crawley, riches aristocrates britanniques. Les Crawley y vivent en bonne entente avec leurs domestiques, formant presque une grande famille, chacun obéissant scrupuleusement aux codes exigés par son rang. Si les domestiques travaillent quand même un peu plus que les Crawley, ils ont les uns pour les autres beaucoup de respect et de l'affection.

Du côté des Crawley, il y a la vieille Comtesse de Grantham, doyenne de la maison, son fils Robert Crawley, Comte de Grantham, son épouse, Cora, et leurs trois filles, toutes très différentes : Lady Mary, fière et sûre d’elle, Lady Edith, ni intelligente, ni jolie, ni remarquable, et Lady Sybil, la benjamine, équilibrée, douce et volontaire.

Sans leurs domestiques, les Crawley seraient bien perdus. Il faut dire que chacun d’eux a son valet ou sa femme de chambre pour ranger et nettoyer Downton Abbey, pour préparer les réceptions, ou juste pour les habiller ou échanger quelques confidences. Tous ces domestiques sont placés sous l’autorité bienveillante mais ferme de Mr Carson, le "butler", et Mrs Hughes, l’intendante. A noter que les Crawley ont bien évidemment une cuisinière, une aide-cuisinière, et un chauffeur.

L’année 1912 est annonciatrice de changements pour Downton. La série s’ouvre avec l’annonce du naufrage du Titanic. Avec le bateau insubmersible coule aussi l’héritier du domaine de Downton Abbey et futur mari de Lady Mary. Les filles du Comte ne pouvant hériter, précisément parce qu’elles sont des filles, c’est un lointain cousin avocat, issu seulement de la haute bourgeoisie, qui se retrouve le potentiel futur Comte de Grantham, propriétaire de Downton et de toute la fortune de la famille. A la demande de Lord Grantham, Matthew Crawley vient s’installer près de Downton Abbey afin d’apprendre à gérer le domaine dont il sera un jour le maître.

En dépit de son caractère avenant, les débuts de Matthew sont difficiles. Il ne veut pas de son domestique (qui se sent affreusement inutile !), subit la condescendance de Mary, est agacé par l’intérêt que lui portent les dames Crawley qui veulent que justement il épouse Mary, et fait face à la froideur des domestiques de Downton qui voient en lui un homme sans distinction, prêt à tout pour spolier l’héritage de la famille. Et puis, époque oblige, les choses évoluent.

J’ai donc vraiment aimé Downton Abbey (et ce n’est pas fini, pour une fois que je prends une série en route !). Les Crawley ont une élégance incomparable (il faut dire que les costumes sont vraiment magnifiques… en matière de robes, j’ai toujours pensé que les années 1910 étaient ma période préférée), et leurs domestiques sont terriblement attachants (j’adore la cuisinière Mrs Patmore) ou juste admirables (Mr Carson, Bates, Mrs Hughes sont tellement professionnels !).

Il ne se passe pas grand-chose dans Downton Abbey. La série (pour la première saison en tout cas) s’étend sur une assez longue période pour seulement sept épisodes. Du coup, il n’y a pas vraiment de suspense, ou ce qu’on pourrait appeler des "cliffhangers". Mais finalement, ce n’est pas ce qu’on y cherche.

Downton Abbey m’a fait penser à Un Village Français. Comme dans cette dernière série (excellente série de France Télévision, bien trop peu mise en avant, je le dis au passage), l’accent est mis sur le réalisme et la psychologie des personnages, le tout avec un arrière plan historique assez important (c’est surtout valable pour la saison 2 de Downton, qui se déroule pendant la première guerre mondiale).

La série se concentre sur ses personnages, sur leur caractère, leurs ambitions, les épreuves qu’ils traversent, les choix qu’ils doivent faire, et les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Et subtilement, on devine que leur façon de voir les choses évolue, se modernise. Les personnages sont très nombreux, mais chacun est important, et ils ont tous (sauf exceptions) de rares qualités humaines (à un point rarement atteint dans la réalité comme dans la fiction, je vous assure !).

Finalement, contrairement à ce qu’on pourrait attendre, il y a assez peu de heurts entre aristocrates et domestiques. Seulement, les rôles sont peu à peu redéfinis, et le dialogue prend un autre tour. C’est encore plus flagrant avec la guerre, qui sans doute va définitivement remodeler les relations entre classes. Cette évolution est écrite avec beaucoup de finesse, et sans raccourcis, et c’est une réussite.

Il y a beaucoup d’autres choses qu'on peut aimer dans Downton Abbey. L’ambiance feutrée et sereine de Downton, où tout est toujours parfaitement organisé et préparé. L’humour ironique (j’adore la vieille Comtesse, incarnée par Maggie Smith en pleine forme, qui aime bien faire croire qu’elle est odieuse). L’intrigue bien-sûr (les vilains domestiques prêts à tout pour monter en grade, l’entrée progressive de Matthew dans la famille, les querelles entre les sœurs Crawley…) et certaines petites romances (Matthew, Mary, la pauvre Edith, Anna, Bates, William… j’ai hâte de connaître la suite !). Et puis les personnages (pour y revenir, il y en a tellement et chacun peut trouver celui qu’il préfère).

Si ceux qui ont vu la série me demandent qui je préfère… J’aime beaucoup Bates (Brendan Coyle, que j’ai retrouvé après North and South, est vraiment un excellent acteur) et Anna (Joanne Froggatt… je l’adore ici, alors que je l’avais détestée dans Robin Hood). Mais j’aime également tous les autres, et je n’ai jamais été aussi en peine de faire un choix. J’aime bien Edith, lumineuse lorsqu’elle sourit (ceci ne m’empêche pas d’apprécier Mary), et puis la vieille Comtesse, et Branson le chauffeur socialiste (et tout le monde en fait, donc arrêtons nous là !).

Deux-trois défauts cependant, et qui font que je ne mets pas encore la série dans mes coups de cœur (mais rien n’est perdu, rassurez-vous). Malgré tout ce que j’ai pu écrire, Downton Abbey manque parfois vraiment de rythme, et il m’a semblé que le scénario tendait à se répéter. Certains personnages aussi sont un brin caricaturaux (Thomas et Miss O’Brien pour ne pas les citer… à croire que parce qu’ils sont les seuls à être "méchants", ils n’ont pas autant de complexité que tous les autres). J’attends de la saison 2 qu’elle leur donne plus d’épaisseur.

Et puis, j’ai juste l’impression que la série manque de temps en temps de réalisme. Je sais bien que Downton reste un cocon éloigné des affres du monde extérieur, et que Downton Abbey est une série où le romanesque doit avoir toute sa place, mais tout de même, la série est peut être un peu trop heureuse pour être "vraie" (comme Bates, qui commence à peine la saison 2 par un nouvel acte d’héroïsme, c’est un peu "too much" je trouve).

Enfin voilà tout le bien que je pense de Downton. Les acteurs sont excellents, les dialogues sont finement écrits, les décors sont splendides… Venez sans hésiter vous installer à Downton Abbey, vous ne serez pas déçus !