La Dame en blanc est le deuxième roman de Wilkie Collins (1824-1889) que je lis (après Sans Nom), et j’ai beaucoup aimé cette seconde rencontre avec l’univers de l’auteur.
La Dame en blanc est un roman central dans l’histoire de la littérature anglaise du XIXème siècle, probablement le plus connu de l’auteur, qui peut faire nous penser à la fois aux romans policiers/noirs contemporains, à la fois aux romans gothiques anglais, pour ce qui est de l’art de la suggestion notamment (pour ma part, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe).
Wilkie Collins avait énormément de succès de son vivant. Ses romans séduisaient aussi bien les critiques les plus exigeants, comme Charles Dickens (qui se trouvait être un ami proche de Wilkie Collins), que tous les amateurs de romans feuilletons et d’intrigues passionnantes et pleines de suspense. On comprend tout à fait le pourquoi de ce double succès critique et populaire à la lecture de La Dame en blanc.
Le style de Wilkie Collins est incomparable (pour ma part, je n’ai jamais rien vu de semblable). L’auteur y déploie une grande minutie, un sens du détail impressionnant. Les événements, les personnalités, sont décryptés avec une infinie précision (à la manière dont on décode un tableau finalement). Ceci est aussi dû au fait que le roman soit constitué par les témoignages successifs de différents personnages (excellente idée !). Un même personnage, ou événement, est décrit de plusieurs points de vue différents (quelle habileté de l’auteur à faire parler tous ces gens !), ce qui nous permet d’appréhender parfaitement la complexité du récit (de la réalité disent certains).
La seule chose que je reprocherais à l’auteur, c’est peut être d’être trop minutieux finalement. C’est une façon de faire qui aboutit à faire durer le suspense, ou à le créer, de façon assez artificielle (c’était encore plus marqué dans Sans Nom, il me semble). Ce n’est pas toujours le récit qui tient le lecteur en haleine, mais parfois l’auteur lui-même, qui utilise des mots comme : « et ceci ne présageait rien de bon pour la suite, comme le lecteur s’en rendra compte ».
Parlons de l’intrigue. Le récit commence sous la plume de Walter Hartright, aimable professeur de dessin, qui devient le maître de la jeune, riche, et candide Laura Fairlie. La jeune femme vit en compagnie de sa demi-sœur, la superbe Marian Halcombe, et attend son mariage prochain avec Sir Percival Glyde, dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’il a un ami pour le moins impressionnant (un gros italien, brillant, cultivé, intelligent … j’ai nommé, le Comte Fosco). Ne manque plus au tableau de famille que la jeune Anne Catherick.
Wilkie Collins laisse s’entrecroiser jusqu’au bout les histoires de Laura et de Anne Catherick. Mais qui est donc cette jeune femme qui croise sans arrêt la route de Percival, de Walter et de Laura ? Pourquoi ressemble-t-elle tant à Laura ? Pourquoi s’habille-t-elle toujours en blanc ? Et pourquoi donc Sir Percival lui fait-il si peur ? Et tandis que le lecteur se pose ces questions, l’intrigue suit son cours, inexorablement. Jusqu’où Sir Percival, dépensier et endetté, ira-t-il pour reconstituer sa fortune ? Dans quelle mesure le Comte Fosco va-t-il l’aider ? Et comment Marian et Laura pourront elles se battre, si impuissantes dans ce monde d’hommes ?
Wilkie Collins est impressionnant de virtuosité. Le roman est mené d’une main de maître, sans la moindre incohérence, et le lecteur est tout simplement baladé ! Tout se mélange et se complète, les deux jeunes femmes, Laura et Anne, qui se ressemblent tant, le Comte si calme et dangereux, Sir Percival, sombre et mal élevé, Marian Halcombe, passionnée et raisonnable à la fois … La seule chose que je regrette : que le dénouement final soit un peu maladroit …
Dans La Dame en blanc, il y a une seule chose que je n’ai pas aimée. C’est la personnalité de Walter Hartright. Autant je suis indulgente vis-à-vis de son amour naïf et candide pour Laura, autant je ne supporte pas, dans la troisième partie du roman, son comportement paternaliste. Sous prétexte que monsieur est un homme, c’est lui qui va mener les recherches et lui qui va se faire obéir par la brillante Marian Halcombe, qui pourtant lui est en tout point supérieure ! Sur ce coup là, je l’ai trouvé bien présomptueux, sûr de lui, pas toujours très malin pourtant, et un peu pédant face au Comte Fosco, qui lui, ne peut pas laisser indifférent.
Marian Halcombe et le Comte Fosco. C’est sur eux deux que je veux terminer ce billet. Ce sont deux personnages passionnants, forts, hors norme, intelligents. Les deux récits qu’ils apportent au roman sont les plus prenants à mes yeux.
La jeune femme est profondément bonne, courageuse, estimable, indépendante et perspicace. Je l'admire tout autant que Margaret Hale, de Nord et Sud (Elizabeth Gaskell). C'est une héroïne fantastique.
Le Comte Fosco, quant à lui, complète la formidable Marian. Aussi intelligent qu’elle, il se situe plutôt du côté obscur. Je sais qu’on peut le trouver répugnant … mais je dois dire que c’est loin d’avoir été le cas pour moi ! Il a beau être fier et fourbe, je n’arrive pas à ne pas être fascinée par lui. Ce personnage est brillant, extraordinaire, et forme un tandem passionnant avec Marian. C’est un esthète, tout à la fois capable de pleurer pour une œuvre d’art ou un morceau classique, et d’ourdir ensuite une incroyable machination ! Du jamais vu. J’ai éprouvé une immense fascination pour le Comte Fosco … lui qui est si plein d’admiration pour Marian, son admirable ennemie.
Alors voilà, n’hésitez pas à plonger dans La Dame en blanc. Même si j’ai trouvé quelques longueurs, et que parfois j’ai deviné un peu vite ce que Wilkie Collins tarde un peu trop à nous révéler, j’ai aimé l’ambiance, la finesse du récit, l’habileté de l’auteur, et les personnages ! (Vive Marian Halcombe !)
La Dame en blanc est un roman central dans l’histoire de la littérature anglaise du XIXème siècle, probablement le plus connu de l’auteur, qui peut faire nous penser à la fois aux romans policiers/noirs contemporains, à la fois aux romans gothiques anglais, pour ce qui est de l’art de la suggestion notamment (pour ma part, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe).
Wilkie Collins avait énormément de succès de son vivant. Ses romans séduisaient aussi bien les critiques les plus exigeants, comme Charles Dickens (qui se trouvait être un ami proche de Wilkie Collins), que tous les amateurs de romans feuilletons et d’intrigues passionnantes et pleines de suspense. On comprend tout à fait le pourquoi de ce double succès critique et populaire à la lecture de La Dame en blanc.
Le style de Wilkie Collins est incomparable (pour ma part, je n’ai jamais rien vu de semblable). L’auteur y déploie une grande minutie, un sens du détail impressionnant. Les événements, les personnalités, sont décryptés avec une infinie précision (à la manière dont on décode un tableau finalement). Ceci est aussi dû au fait que le roman soit constitué par les témoignages successifs de différents personnages (excellente idée !). Un même personnage, ou événement, est décrit de plusieurs points de vue différents (quelle habileté de l’auteur à faire parler tous ces gens !), ce qui nous permet d’appréhender parfaitement la complexité du récit (de la réalité disent certains).
La seule chose que je reprocherais à l’auteur, c’est peut être d’être trop minutieux finalement. C’est une façon de faire qui aboutit à faire durer le suspense, ou à le créer, de façon assez artificielle (c’était encore plus marqué dans Sans Nom, il me semble). Ce n’est pas toujours le récit qui tient le lecteur en haleine, mais parfois l’auteur lui-même, qui utilise des mots comme : « et ceci ne présageait rien de bon pour la suite, comme le lecteur s’en rendra compte ».
Parlons de l’intrigue. Le récit commence sous la plume de Walter Hartright, aimable professeur de dessin, qui devient le maître de la jeune, riche, et candide Laura Fairlie. La jeune femme vit en compagnie de sa demi-sœur, la superbe Marian Halcombe, et attend son mariage prochain avec Sir Percival Glyde, dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’il a un ami pour le moins impressionnant (un gros italien, brillant, cultivé, intelligent … j’ai nommé, le Comte Fosco). Ne manque plus au tableau de famille que la jeune Anne Catherick.
Wilkie Collins laisse s’entrecroiser jusqu’au bout les histoires de Laura et de Anne Catherick. Mais qui est donc cette jeune femme qui croise sans arrêt la route de Percival, de Walter et de Laura ? Pourquoi ressemble-t-elle tant à Laura ? Pourquoi s’habille-t-elle toujours en blanc ? Et pourquoi donc Sir Percival lui fait-il si peur ? Et tandis que le lecteur se pose ces questions, l’intrigue suit son cours, inexorablement. Jusqu’où Sir Percival, dépensier et endetté, ira-t-il pour reconstituer sa fortune ? Dans quelle mesure le Comte Fosco va-t-il l’aider ? Et comment Marian et Laura pourront elles se battre, si impuissantes dans ce monde d’hommes ?
Wilkie Collins est impressionnant de virtuosité. Le roman est mené d’une main de maître, sans la moindre incohérence, et le lecteur est tout simplement baladé ! Tout se mélange et se complète, les deux jeunes femmes, Laura et Anne, qui se ressemblent tant, le Comte si calme et dangereux, Sir Percival, sombre et mal élevé, Marian Halcombe, passionnée et raisonnable à la fois … La seule chose que je regrette : que le dénouement final soit un peu maladroit …
Dans La Dame en blanc, il y a une seule chose que je n’ai pas aimée. C’est la personnalité de Walter Hartright. Autant je suis indulgente vis-à-vis de son amour naïf et candide pour Laura, autant je ne supporte pas, dans la troisième partie du roman, son comportement paternaliste. Sous prétexte que monsieur est un homme, c’est lui qui va mener les recherches et lui qui va se faire obéir par la brillante Marian Halcombe, qui pourtant lui est en tout point supérieure ! Sur ce coup là, je l’ai trouvé bien présomptueux, sûr de lui, pas toujours très malin pourtant, et un peu pédant face au Comte Fosco, qui lui, ne peut pas laisser indifférent.
Marian Halcombe et le Comte Fosco. C’est sur eux deux que je veux terminer ce billet. Ce sont deux personnages passionnants, forts, hors norme, intelligents. Les deux récits qu’ils apportent au roman sont les plus prenants à mes yeux.
La jeune femme est profondément bonne, courageuse, estimable, indépendante et perspicace. Je l'admire tout autant que Margaret Hale, de Nord et Sud (Elizabeth Gaskell). C'est une héroïne fantastique.
Le Comte Fosco, quant à lui, complète la formidable Marian. Aussi intelligent qu’elle, il se situe plutôt du côté obscur. Je sais qu’on peut le trouver répugnant … mais je dois dire que c’est loin d’avoir été le cas pour moi ! Il a beau être fier et fourbe, je n’arrive pas à ne pas être fascinée par lui. Ce personnage est brillant, extraordinaire, et forme un tandem passionnant avec Marian. C’est un esthète, tout à la fois capable de pleurer pour une œuvre d’art ou un morceau classique, et d’ourdir ensuite une incroyable machination ! Du jamais vu. J’ai éprouvé une immense fascination pour le Comte Fosco … lui qui est si plein d’admiration pour Marian, son admirable ennemie.
Alors voilà, n’hésitez pas à plonger dans La Dame en blanc. Même si j’ai trouvé quelques longueurs, et que parfois j’ai deviné un peu vite ce que Wilkie Collins tarde un peu trop à nous révéler, j’ai aimé l’ambiance, la finesse du récit, l’habileté de l’auteur, et les personnages ! (Vive Marian Halcombe !)
Bientôt Noël! J'envoie le lien de ton article sur le mail du grand barbu. Peut-être comprendra-t-il le message! Bizzzzzzzzzz
RépondreSupprimerIl a intérêt à en tenir compte le gentil barbu ! Sinon, j'irai moi même lui faire la leçon : "non mais, pour pas trop cher on a 550 pages de bonheur, ça n'est pas grand chose, mon petit Papa Noël, silteuplé" ^^ Tu m'en diras des nouvelles Fred ! Bisous !!
RépondreSupprimerDe cette auteur j'ai acheté Basil, et il m'a tellement déplu que j'ai arrêté ma lecture en cour, ce qui m'arrive très très rarement presque jamais. Mais je dois dire qu'après avoir lu ton avis je me laisserais bien tenté par celui-ci.. Je vais donc essayer de me le procurer !merci de la découverte en tout cas :)
RépondreSupprimerWilkie Collins a un style très particulier, et je comprends qu'on puisse ne pas aimer. Je pense qu'il faut essayer de se laisser guider par sa plume. Le suspense qu'il crée n'a rien à voir avec nos romans contemporains.
RépondreSupprimerLa Dame en Blanc est un des plus connus de l'auteur, et aussi des plus appréciés. J'espère que tu aimeras davantage !