samedi 14 mai 2011

→ 20TH CENTURY BOYS - NAOKI URASAWA

Me revoilà ! Et cette fois-ci, c'est pour vous présenter un manga formidable !

Je préviens tout de suite, je suis très loin d’être une experte en manga. En fait, je n'ai lu que deux séries... et en plus du même auteur ! Mais je pense pouvoir dire qu'il ne faut pas avoir de préjugés contre les mangas. Il en existe des quantités, et je suis certaine que chacun peut y trouver son compte. Ceci dit, j’étais sceptique quand je me suis lancée. Lire en noir et blanc, qui plus est de droite à gauche, me freinait quelque peu.

Puis on m’a conseillé Monster de Naoki Urasawa… et j’ai été tellement enthousiasmée que j’ai totalement revu mon jugement. Je parlerai de Monster une autre fois. Ce soir, c’est 20th Century Boys que j’ai envie de vous présenter.

Evidemment, cette série de 24 tomes est totalement impossible à résumer. En fait, l’ensemble est un condensé de suspense du début à la fin. Ca n’a rien à voir avec une lente et progressive montée en puissance. Dès le départ on se pose des milliers de questions… et je ne peux même pas résumer tout le tome 1 sans gâcher le plaisir des lecteurs potentiels. Urasawa navigue avec un brio extraordinaire entre ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas, ce qu’on devine et ce qu’on ne sait pas. Donc, tout ça pour dire que son génie d’auteur m’empêche même de vous présenter un résumé valable.

Je me conterai donc d’introduire l’intrigue ! Le manga décrit une multitude d’époques à la fois, mais le drame se noue dans les années 70. Kenji Endô, le vrai héros de cette histoire, est le chef d’une joyeuse bande d’amis. Comme tous les enfants peuvent le faire, son petit groupe élabore, dans le « cahier de prédictions » le plan d’actions d’un "méchant" qui voudrait dominer le monde et le détruire. Eux seront les justiciers, sauveurs de l’humanité. A cette époque, les enfants sont insouciants et effrontés. Leur seul tracas : protéger à tout prix leur base secrète, un abri construit d’herbe sur un terrain vague.

Viennent les années 90. Kenji est devenu gérant d’un convini (un genre d’épicerie) et s’occupe tant bien que mal de sa nièce Kanna, abandonnée par ses parents. Il ne mène pas une vie bien trépidante, loin de la carrière de chanteur de rock qu’il aurait voulu avoir. Cela dit, il ne va pas s’ennuyer bien longtemps… parce que ses prédictions d’autrefois commencent à se réaliser ! Epidémies localisées, attentats… le cauchemar commence (et n’est vraiment pas du tout près de s’arrêter, je vous le dis). Le problème, c’est que ce n’est plus un jeu.

Une évidence : c’est l’un des anciens amis de Kenji, seuls au courant des plans machiavéliques de leur "méchant" qui a mis en route cette effroyable machine. Mais lequel d’entre eux est-ce ? Ce dernier se cache constamment sous un masque. Son pseudonyme : Ami. Kenji n’a pas le choix, il doit réunir ses amis d’enfance pour qu’ils combattent à nouveau ensemble… Mais Ami n’est-il pas parmi eux ? En fait, Ami a toujours une longueur d’avance. Progressivement, il étend son influence. Il est admiré comme un gourou, il fascine, il est aimé.

Comment Kenji et sa bande vont-ils pouvoir s’en sortir ? Jusqu’où le jeu d’Ami va-t-il aller ? Kenji avait prédit le pire…

Il faut le dire : Urasawa est un génie. Déjà, il a raflé tous les prix, et certains à plusieurs reprises pour le même manga. De lui, j’ai lu Monster, 20th Century Boys (et j’ai commencé Pluto qui est à moitié paru en France, et que j’aime un peu moins parce que c’est avant tout de la science fiction). Deux petites anecdotes sur lui : dans sa jeunesse, il était guitariste et chanteur de rock, comme son héros Kenji, et récemment, il a dû momentanément arrêter son travail suite à un problème à l’épaule… parce que son rythme d’écriture était trop soutenu ! (Ils sont fous ces japonais !)

Enfin, je ne le connais pas plus que ça, mais pour l’instant, je lui voue une immense admiration. Quel talent dans l’écriture du scénario !

Otcho est fier d'avoir créé la marque de du groupe ... qui deviendra celle d'Ami

Urasawa a le chic pour ne jamais révéler ce qu’on meurt d’envie de savoir (la forme manga aide, j’imagine, par rapport à ce qu’on peut faire avec un roman) et pour faire des révélations fracassantes. Et puis 20th Century Boys mélange toutes les époques (on passe des années 70, aux années 2000, et on retourne en 1990 et hop ! saut vers 2015 ! …). C’est impressionnant d’audace et d’habileté… et source d’un immense suspense ! Que s’est il passé pendant toutes ces années ? Que sont devenus les personnages ? Où en est Ami ? L’auteur délivre avec un malin plaisir les informations au compte gouttes. J’ai eu le cœur battant durant toute ma lecture, et avouez que ça n’arrive en général jamais à ce point !

20th Century Boys est une œuvre géniale, extraordinairement riche en thèmes abordés et en personnages (Urasawa doit être plutôt physionomiste !), qui ferait presque passer Monster pour un drame intimiste (gardez en tête que je suis aussi une adoratrice de Monster).

La petite Kanna devient leader de la résistance, au milieu d'une foule de personnages secondaires, qui ont chacun un style qui leur est propre

L’auteur aborde une quantité phénoménale de thèmes différents : manœuvres politiques, jeunesse rebelle des années 70, totalitarisme (purges, lavage de cerveau, censure, culte de la personnalité), rôle que les artistes peuvent ou doivent jouer (le rock et son souffle libérateur, les mangas), enthousiasme et naïveté de l’enfance, attaques terroristes, psychologie des personnages...

On change assez souvent de genre : certains passages sont de purs moments d’action (immersion dans les quartiers chauds de Tokyo et rencontre des mafias Thaï et chinoise, assassinat du Pape…), d’autres sont fascinants ou inquiétants (oui, Ami a du charisme), ou émouvants et certains sont juste … exaltants (les héros qui se regroupent et combattent avec ferveur en dépit du fait qu’ils n’ont aucune chance, voilà qui m’a prise au cœur). En fait, et c’est très net, chaque époque a son ambiance, ses enjeux et sa complexité... je vous le dis, c’est plutôt impressionnant !

Bon… Avant de conclure, j’aimerais aborder le seul aspect négatif de ma lecture. Je le regrette, mais je ne peux pas occulter ce "foirage" en règle. Hum… Disons que la fin de cette série de 24 tomes est tout simplement mauvaise. Plutôt que d’avoir un final grandiose comme on l’attendait, nous avons droit à une diminution progressive du suspense et un ralentissement croissant de l’action.

Les quatre derniers volumes ont une propension à la facilité et à la caricature, et l’ambiance est en contradiction avec tout le reste de la saga (ceci est dû à un choix scénaristique contestable qui apporte des complications bien inutiles, que je ne peux cependant pas vous révéler). Les deux derniers tomes, qui s’appellent 21st Century Boys, reposent sur une intrigue inutile et peu crédible, prétexte à leur existence. En fait, les livres 23 et 24 sont seulement un épilogue trop détaillé, naïf et maladroit… d’une série extraordinaire !

Il y a là de quoi mettre en colère le lecteur ! A mon sens, il aurait suffit de rendre plus éclatante la fin du tome 22, d’y ajouter un épilogue bref, explicite et ouvert (et de ne pas faire ce fameux choix scénaristique).

Néanmoins, si j’ai mis autant de cœur à écrire ce billet, c’est parce que 20th Century Boys fait partie des œuvres qu’on doit avoir lues.

Et je finirai par mentionner une chose qui m’a vraiment frappée chez Urasawa. Ce qui prime dans ses œuvres, c’est l’humanité des héros, qui dépasse la douleur et le désespoir ambiants. L’auteur distille à chaque instant et avec beaucoup de finesse des fragments de courage, d’espoir, de bonté, de tolérance, d’humour, de compréhension et de gaieté. Il le fait tant et si bien qu’on s’attache de façon irréversible à ses personnages, et qu’on est triste lorsqu’on doit les quitter. Reste un agréable sentiment de bien-être et de contentement. Une telle humanité, et un tel talent, voilà qui fait chaud au cœur.

Kenji et sa bande... de dangereux "terroristes" qui tentent le tout pour le tout !

3 commentaires:

  1. La grande fan de mangas (et manwhas) que je suis est heureuse de constater que toi aussi tu t'y mets!
    En effet, les séries de Naoki Urasawa sont denses, et je pourrais relire 20th century boys, ça ne serait pas du luxe...je ne me souviens même pas de la fin en détail (sauf que j'avais également été déçue)
    J'avais tout de même préféré Monster, que je relis sans me lasser!
    Si tu veux continuer les mangas tu peux tenter le Fullmetal Alchemist (d'Arakawa) : un tout autre genre, bcp plus fantastique, mais dont l'humour m'avais séduite!

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  2. Je ne sais pas si on peut dire que je "m'y mets". Je te rappelle que c'est par ton biais que j'ai découvert Monster... et que je me suis contentée d'essayer une nouvelle série du même auteur ! (ah oui, je pense aussi à Naruto, dont tu m'avais raconté l'histoire, en long en large et en travers !)
    Enfin, c'est vrai que je ne pense pas souvent aux mangas, alors qu'on trouve des trucs pas mal du tout ! Merci pour la référence, je n'avais pas pensé à chercher du côté de Fullmetal Alchemist.
    En ce moment, le manga à la mode est Black Butler (c'est un jeune et beau et riche artistocrate anglais qui vit seul dans un manoir... ça me rappelle quelqu'un...)

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  3. En effet, il va falloir que j'essaye celui-là ^^

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