dimanche 16 octobre 2011

→ THE ARTIST - MICHEL HAZANAVICIUS

Encore un film que j’attendais avec impatience ! Vendredi soir, j’ai vu The Artist, de Michel Hazanavicius, avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo dans les rôles principaux. C’est un vrai mélodrame, en noir et blanc et quasi-complètement muet, qui rend hommage au cinéma hollywoodien des années 20-30. Disons le tout de suite, j’ai été enchantée par ce film. Certes, il n’est pas parfait, mais il vaut le détour.

En noir et blanc et muet, donc. Je n’appréhendais pas du tout, au contraire. Je n’ai pas l’habitude des films muets, mais j’aime énormément le cinéma de l’âge d’or américain. Alors forcément, j’avais vraiment hâte de voir un film comme celui-là, qui rende un bel hommage à cette époque là, qui soit original et artistique, et destiné au grand public.

The Artist raconte l’histoire de George Valentin, star du cinéma muet des années 20, dont les films d’aventure font sensation à Hollywood. Parmi ses admiratrices, la jeune figurante Peppy Miller. Elle est jolie, gaie et pétillante, et George Valentin a tôt fait de tomber sous son charme, et de la présenter au producteur de ses derniers films. Tout va pour le mieux, jusqu’à ce qu’une nouvelle technique fasse son apparition : le cinéma parlant.

George Valentin trouve la plaisanterie très drôle. A ses yeux, le cinéma parlant n’aura aucun avenir. Les producteurs eux, sentent qu’on entre dans une nouvelle ère. Adieu le cinéma muet et ses vedettes, Hollywood a besoin de nouvelles stars ! Alors que Peppy Miller fait partie des étoiles montantes, George Valentin est oublié. L’acteur sombre inexorablement dans la déchéance. Alcool, misère, rejet du monde du cinéma, immense solitude… Seules ses rares rencontres avec Peppy parviennent parfois à l’égayer.

La seule chose que je peux reprocher à The Artist, c’est d’en faire un peu trop dans le mélodrame. Il y a finalement peu de scènes heureuses au début, et on passe de scènes dramatiques en scènes dramatiques, seulement coupées de petits moments d’humour. Disons que le film est peut être un peu trop insistant pour être émouvant du début à la fin, ou pour embarquer tous les spectateurs.

Mais au-delà de ça, j’ai infiniment apprécié The Artist. Il m’a reposée, apaisée, un peu à la manière de Midnight in Paris, parce qu’il est poétique, étonnant, amusant, très agréable à regarder… et silencieux. C’est ce qui m’a le plus frappée, je crois. Aux moments où il n’y a pas de musique, le public retient son souffle. « On écoute le silence » ai-je pu lire sur internet. Et c’est vrai ! Quand le film s’est achevé, le public s’est levé dans le silence, comme si le moindre bruit allait briser la magie de l’instant. C’était complètement unique et déconcertant.

On sent qu’il y a énormément de travail derrière la réalisation de The Artist. Le spectateur plonge dans les années 20-30, au cœur de l’industrie hollywoodienne. L’époque est merveilleusement bien reconstituée : costumes, ambiance des studios, suprématie des producteurs, star system…

On se croirait presque dans un film muet de cette époque là. Le travail de Hazanavicius est impressionnant. Il a su retrouver la manière de filmer de l’époque, le travail du noir et blanc (les images sont très belles), et certains passages ont l’humour et l’imaginaire de ce temps là. Même les intertitres ont la typographie des vieux films muets. Et puis, il y a de nombreux clins d’œil à des films ou des acteurs d’autrefois (j’ai cru voir Lillian Gish, et Autant en emporte le vent, si si), même s’il est évident, que j’en ai loupé énormément !

Autre travail impressionnant, celui de la musique. C’est bien simple, sans elle, The Artist n’aurait pas le même impact sur le spectateur. Les morceaux composés par Ludovic Bource sont directement inspirés de l’époque. On entend un peu de jazz, des musiques grandioses "tadaaaam, le personnage va faire quelque chose de grave" et d’autres plus gaies, et sautillantes. J’adore la "Waltz for Peppy", romantique à souhait. La bande originale est riche et agréable à écouter… bref, une réussite !

Juste un petit mot sur la distribution. Je n’aime pas particulièrement Jean Dujardin, mais ici, il fait preuve de sobriété dans son jeu et il est vraiment convaincant. Bérénice Béjo aussi est parfaite dans le rôle de Peppy, pleine de vivacité et de fraîcheur. Idem pour Uggy, le petit chien de George Valentin qui a, comme Jean Dujardin, gagné un prix à Cannes !

Une autre chose que j’ai beaucoup aimée dans The Artist : ce n’est pas un film muet des années 20 mais bien de 2011. The Artist est moderne. Un peu comme OSS 117 était un pastiche des films d’espionnage français des années 70, The Artist porte un regard contemporain sur le cinéma muet. Les acteurs jouent avec naturel (moins théâtralement qu’à l’époque), il y a beaucoup de moments d’introspection (moins d’action qu’à l’époque), certains intertitres sont très drôles ou cyniques (sûrement plus décalés qu’à l’époque), et certaines petites scènes sont clairement des clins d’œil au spectateur d’aujourd’hui. Ce ne sont pas des ratés, comme j’ai pu le lire, mais bien une lecture moderne du cinéma muet d’autrefois. Et j’ai adoré ces petits décalages, ces petits clins d’œil, qui sont franchement épatants quand on les trouve dans un film muet en noir et blanc.

J’ai lu sur internet que certains se demandaient si The Artist allait relancer la mode du cinéma muet, et permettre une nouvelle ère du cinéma où films muets et parlants cohabiteraient enfin. J’en doute. The Artist n’est pas un film muet dans la plus pure tradition des vieux films muets, c’est seulement un film original qui rend hommage à une époque révolue.

Même s’il n’est pas parfait, je suis très heureuse de voir que le film a du succès. Le distributeur américain de The Artist, Harvey Weinstein, veut que le film concoure aux oscars dans les catégories de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur. Pourquoi pas ?

4 commentaires:

  1. Toujours aussi sympa tes articles Annwvyn et je me retrouve bien dans tout ce que tu dis.
    J'ai moi aussi beaucoup aimé ce film et je suis bien contente de l'avoir vu qur grand écran( pas sûre qu'on aurait ressenti les mêmes choses sur une télévision^^)
    Les acteurs sont très biens et j'ai complêtement craqué sur le petit chien :)

    Après, tout comme toi, je ne pense pas que ce film relance la mode du muet, on est trop loin pour ça. Mais ca fait du bien de voir quelque chose de différent de temps en temps !

    Ju

    RépondreSupprimer
  2. Merci Ju ! :D
    C'est vrai que je me suis posé la question moi aussi : vais-je acheter le dvd ? Qu'est ce que ça peut donner sur petit écran ? (ceci dit, le son sera meilleur sur ma télé qu'au cinéma, où la moitié des enceintes était en panne, et le son pas assez fort... vive mon cinéma ! La dernière fois, ils n'avaient pas éteint la lumière pendant tout le début du film !)
    En attendant, je crois que je vais me laisser tenter par la BO !

    RépondreSupprimer
  3. tout à fait d'accord avec ta critique :-) j'en sors et j'ai adoré!!

    je ne pense pas non plus que ça relance les films muets, même si j'aimerais beaucoup avoir les deux, mais c'est en tout cas une parenthèse agréable :)

    RépondreSupprimer
  4. Hello Nathy's ! Je suis vraiment contente que tu aies aimé ! "Une parenthèse agréable", c'est exactement ce que j'ai ressenti. Si le film était récompensé aux oscars, ce serait génial !

    RépondreSupprimer

Écrire un commentaire