J’ai enfin lu Me and Mr Darcy. Plutôt sympathique, pas toujours très recherché, et réservé à celles qui ont lu et relu Orgueil et Préjugés, aiment Colin Firth et Matthew Macfadyen, ne rêvent que de Fitwilliam Darcy, et se voient très bien passer le nouvel an en Angleterre, devant une vieille cheminée, un livre dans une main, une tasse de thé dans l’autre (personnellement, je dois concéder que ça me parle assez !).
Cela faisait un petit bout de temps que le livre était bien sagement rangé dans ma bibliothèque. J’avais été très attirée par sa couverture printanière, pleine de fantaisie sur laquelle on pouvait lire "Potter" à côté de "Darcy" (un bon signe, vous en conviendrez). Ceci dit, lire en anglais demande un peu de temps et d’efforts (et je ne pense pas que le roman soit paru en français), et avant cet été, je m’étais contentée de le feuilleter.
Me and Mr Darcy est un roman tout à fait adapté pour une lecture de vacances, pas désagréable à lire, pas toujours très original, pas franchement conseillé aux vrais puristes de Jane Austen, mais somme toute assez sympathique.
Emily Albright, new yorkaise de presque trente ans, gérante d’une petite librairie américaine cosy et chouette comme dans A shop around the corner, « has had it with modern men ». Emily n’en peut plus de tous ces hommes qui ne connaissent rien de la galanterie, sont machos, radins, grossiers, pervers (et j’en passe). Dès lors, lorsqu’on lui propose pour le nouvel an de partir sur les traces de Jane Austen, en voyage organisé en Angleterre, elle n’hésite pas. « Spend a week with Mr Darcy » suggère l’annonce.
Emily voyage de Chawton Manor à Lyme Park en passant par Bath, et en profite pour relire Pride and Prejudice, « the greatest love story of all time ». Emily, qu’on nous avait annoncé si cultivée, est éblouie par l’Angleterre. Tout y est "so cute", et « Oh, my God, is that a real thatched roof ? […] It really is like being on a movie set ». Emily est encore plus enchantée du voyage lorsqu’elle a la chance inouïe de rencontrer Mr Darcy lui-même, arrivé là par on ne sait quel artifice spatio-temporel. Mr Darcy tombe aussitôt sous le charme de notre héroïne (soit dit en passant, on ne comprend pas pourquoi).
Un seul point noir à l’horizon. Spike Hargreaves, journaliste anglais du Daily Times, mal élevé, toujours débraillé, et sans la moindre distinction, fait lui aussi partie du voyage. Sommé au dernier moment par son patron d’écrire un article sur le thème : « What is it about Mr Darcy that women love so much ? », il se montre plutôt maussade. Ajoutez à cela le fait qu’il considère Emily comme « pretty dull », « average-looking » et « even worse […] American », cette dernière a vite fait d’éprouver pour lui une profonde antipathie.
Rien à dire de plus. La suite se devine aisément, mais certaines scènes sont assez imprévisibles pour être amusantes. Je vous laisse la surprise !
On peut dire que j’ai raisonnablement aimé ce roman. Comme je suis loin d’être bilingue, je n’ai pas toujours saisi l’humour, et la lourdeur de certains passages s’est trouvée atténuée. Mais dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment.
Je me suis tout à fait vue (et peut être aussi que cela m’a rappelé quelques bons souvenirs !) faire un périple en compagnie d’amoureux de littérature anglaise, pleins d’enthousiasme et d’humour. J’aurais très bien pu faire partie du voyage ! Il faut dire que tous les personnages secondaires sont extrêmement sympathiques, et ils nous rendent la lecture agréable. Stella, l’amie excentrique d’Emily est très attachante, comme l’est aussi la fragile Maeve. A noter que Spike Hargreaves n’est pas détestable non plus (entendre par là, qu’il est plutôt séduisant !).
Au-delà de cela, Me and Mr Darcy possède un certain handicap. J’ai nommé, son héroïne, Emily. Par sa gaucherie, son manque d’ouverture d’esprit (Emily se présente comme une très grande lectrice depuis son plus jeune âge… j’en doute !) qui malheureusement ne rend pas hommage aux Américains, sa bêtise même (qui l’empêche de se remettre en question, la pauvre, ce n’est pas sa faute), on passe à côté de l’essentiel. Emily ne rêvait que de Darcy, mais quand elle se rend compte qu’il n’est pas du style à lui sauter dessus pour l’embrasser (sans blague !), elle est déçue.
« To you, I shall say, as I have often said before, do not be in a hurry, the right man will come at last » a écrit Jane Austen (citation reprise par Alexandra Potter). Jusque là, rien à dire. Emily trouve la personne qui lui convient, pour le plaisir du lecteur.
Mais ce que nous dit l’auteur, c’est qu’il faut ouvrir les yeux : Darcy is a « female fantasy […] and that is what he should remain ». Darcy est fascinant dans un roman, mais franchement, dans la vraie vie, qui voudrait de lui ? (Il n’envoie pas de textos, n’aime pas les robes décolletées, a une tendance à être autoritaire, et reste un noble attaché à ses privilèges). Le tableau qu’on nous dresse de Darcy est caricatural (et pas de second degré, je vous assure). A la fin, on ne le supporte plus ! Certains passages sont drôles, mais c’est sans atteindre l’humour décalé et bien plus audacieux de Lost in Austen.
Je répondrai à Alexandra Potter que, si pour Emily, Mr Darcy finit par être si décevant, c’est peut être parce que son héroïne ne ressemble pas du tout à Elizabeth Bennet. Inutile de procéder à une destruction en règle du mythe de Darcy. Lui n’a jamais été parfait, tout le monde le sait ! Mais ce qu’il faut retenir, c’est que seule une personne ressemblant à Lizzy serait en mesure de l’apprécier.
J'aimerais bien le lire, mais j'ai déjà quelques livres en anglais à lire (comme toi, cela me prend un peu plus de temps). Je suis plongé dans les aventures d'Alexia Tarabotti et j'ai aussi un autre dérivé de Jane Austen. Je vais sûrement me laisser tenter par celui-ci tout de même!
RépondreSupprimerN'hésite pas à te laisser tenter Maribel ! Je pense que c'est un dérivé de Jane Austen qui n'est pas si mal ! (et puis ça fait toujours du bien à notre anglais^^)
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