mardi 27 juillet 2010

→ UNE SEMAINE : QUATRE FILMS !

Une semaine, quatre films au cinéma. Avant que les vacances ne commencent, je ne perds pas mon temps ! Voici quelques commentaires rapides des films que j’ai vus.

₀ Shrek 4 Il était une fin … plutôt sympa

J’avais tellement peur que ce film ne soit un gros gâchis, que du coup j’ai été agréablement surprise. Je craignais que le fier Chat Potté ne soit complètement dénaturé (obèse avec un nœud rose … personne ne peut m’en vouloir !), idem pour Fiona, P’tit Biscuit et tous les autres.

Certes, ce n’est pas le film du siècle, mais j’ai passé un bon moment.
J’ai apprécié le "méchant" Tracassin (quel nom idiot !) plutôt convaincant contrairement aux apparences, ainsi que le joueur de flûte de Hamelin (et sa flûte amovible) qui manquait jusque là à l’appel. Les décors sont superbes, l’ambiance est légèrement différente des autres films (plus sombre sans doute), et le relief (que je n’apprécie pas d’ordinaire) est un vrai plus.

J’ai trouvé cependant que l’histoire manquait vraiment de structure. Les péripéties s’enchainent, mais l’ensemble manque d’unité. Je suppose que Shrek 4 est meilleur que le précédent (qui ne m’a laissé aucun souvenir), mais moins marquant que les deux premiers films qui bénéficiaient de l’effet de surprise.

Shrek 4 annonce la fin des aventures de l’ogre. Mais on pourra bientôt retrouver le Chat Potté dans son propre film, et j’espère que ce sera un peu plus qu’une opération commerciale.

₀ Predators … rien de bien effrayant

L’autre soir, j’étais toute seule et je n’avais rien à faire. Alors pour la première fois, je suis allée seule au cinéma, et pour ne pas faire les choses à moitié, je suis allée voir Predators. C’était une sorte de défi que je me lançais, étant donné que je n’ai jamais vu de film de ce genre (même pas le classique Alien) et que ce n’est à priori pas du tout mon type de film.

Nous n’étions que 5 dans une salle de 175 places, mais je crois pouvoir dire qu’aucun de nous n’a eu peur ! Il est vrai qu’on entre dans une sorte de routine : la jungle à perte de vue, et les vilains extraterrestres qui peuvent surgir à tout moment. Finalement on s’habitue vite, et le film se déroule comme prévu. On peut facilement deviner qui mourra le premier, et qui survivra (si tant est qu’il y ait un survivant).

En fait, j’ai trouvé le film plutôt drôle (le sang vert fluo des predators n’a absolument rien de sérieux), et à mon avis, les amateurs du genre ne pourront qu’être déçus. Il semble que le réalisateur ait fait d’une série horrifique un film d’aventure.

Pourtant je ne me suis pas ennuyée devant le film, et je ne regrette pas d’y être allée. J’ai même pu profiter du bon jeu d’Adrien Brody (qui était en fait MA raison d’aller voir un tel film !). On n’a pas l’habitude de rencontrer des acteurs aussi frêles qu’Adrien Brody (j’ai même lu les mots de « maigrelet bodybuildé » je ne sais plus où !) dans les films du genre (oui, l’acteur n’a rien à voir avec Schwarzy), et il semble qu’Adrien Brody cherchait ici à élargir ses horizons d’artiste. La critique a pu dire que Brody apportait de la profondeur au film. Je dois dire que je n’ai pas trouvé de "profondeur" dans Predators. Mais il est clair qu’Adrien Brody joue son rôle avec naturel et intelligence.

₀ Toy Story 3 … un nouveau bijou Pixar

En tant que grande adepte des films Pixar, j’attendais beaucoup de Toy Story 3. Par ailleurs, la critique était quasi unanime, et je n’avais qu’une peur : celle d’être déçue.

Ca n’a pas du tout été le cas ! Certes, Toy Story reste Toy Story, et nous n’avons pas la surprise d’une histoire nouvelle et inventive (comme pour WALL.E par exemple, ou encore Monstres et cie.). Mais tout en restant fidèle aux graphismes et à l’esprit des premiers films, Toy Story 3 a ce petit plus qu’on trouve à présent toujours chez Pixar.

A savoir que ce n’est pas seulement un bon film d’animation. Il y a bien de l’action (le gros de l’intrigue est centré sur l’élaboration d’un plan d’évasion), de l’humour, et beaucoup de suspense (plus que dans Predators !), mais aussi beaucoup d’émotion. Même si on ne peut pas comparer Toy Story à Shrek (en disant par exemple : « Dreamworks a un complexe d’infériorité » ), je me le permets juste ici, pour écrire que là où Shrek 4 tente de nous faire pleurer, Toy Story y parvient.

Toy Story s’adresse parfois aux enfants, et parfois plus aux adolescents et aux adultes. Répétons-le encore une fois : le film d’animation n’est pas réservé aux enfants. Toy Story parle de la fin de l’enfance, du passage à l’âge adulte, de l’importance du jeu dans le développement des enfants et de tas d’autres choses au passage.

Comme beaucoup de gens, j’ai été émue à plusieurs reprises. Je sais que Toy Story 3 ne sera pas mon Pixar favori (il n’a pas l’élégance d’un Ratatouille, et l’action met un peu trop de temps à se mettre en place), mais il m’aura beaucoup touchée. Certains passages sont hilarants (comme tous ceux dans lesquels apparaît Ken), le plus drôle de tous étant celui de la programmation en espagnol de Buzz l’éclair.

J’aimerais aussi mentionner le court métrage qui précède Toy Story. Il met en scène deux personnages dont l’un représente le jour et l’autre la nuit. Et bien, j’ai adoré ce court métrage, qui est une fois encore franchement original (c’est à se désespérer d’avoir autant d’imagination). Si vous voulez découvrir cette nouvelle pépite de Pixar, n’hésitez pas à aller voir Toy Story !

₀ Inception … un film haletant

Contrairement à certains qui trouvent dans Inception de nombreuses réflexions sur le "subconscient" (qui n’existe pas si je me souviens bien), sur leur réalité (vivent ils dans un rêve ?), sur la réalité en général (y-a-t’il plusieurs réalités ?), et qui s’amusent à chercher de curieuses interprétations (le film entier n’est qu’un rêve, et la pauvre Mall avait raison), je n’ai regardé le film que comme un bon divertissement.

Dans ce cadre, Inception remplit parfaitement sa mission. J’ai trouvé que le film était très prenant, même si l’intrigue qui sert de tremplin est un peu artificielle. Oui, il y a forcément un meilleur moyen, pour convaincre quelqu’un de démanteler une entreprise, que de lui implanter cette idée dans la tête, au moyen d’un rêve imbriqué dans un rêve, lui-même encore imbriqué dans un troisième rêve…

Du début à la fin le suspense est très présent (personnellement, je n’ai jamais eu aussi peur de voir Marion Cotillard apparaître à l’écran). Le spectateur (pourvu qu’il ne se fasse pas "larguer" en route par la complexité du scénario) est complètement pris par l’histoire, et ressort enchanté.

Je ne trouve rien à redire au film (ah si, mais pourquoi avoir changé le doublage français de Leonardo di Caprio ?), j’ai seulement passé un bon moment. Ceci dit, pour évoquer Matrix comme certains, je pense que Matrix était plus "révolutionnaire" dans le genre, et les idées véhiculées par Inception ne m’ont pas touchée au-delà du film (contrairement à Matrix). C’est peut être un peu terre à terre de dire une chose pareille, mais désolée, je vis bien dans le monde réel !

Tout de même, je me suis juste demandé : si je m’endors ce soir, vais-je me réveiller ?

mardi 20 juillet 2010

→ POT BOUILLE - JULIEN DUVIVIER

Voilà un nouveau film que je veux vous présenter. Il s’agit de l’adaptation par Julien Duvivier (Pépé le Moko, La femme et le pantin) du célèbre roman Pot Bouille d’Emile Zola.

Je sais déjà qu’on peut avoir pas mal de préjugés sur ce film. D’abord il est en noir et blanc, ensuite il date de 1957 et enfin il est français (et sans que je ne sois très au fait du cinéma français, je crois pouvoir dire qu’on trouve dans Pot Bouille des premiers éléments de notre cinéma français contemporain).

Mais Pot Bouille mérite vraiment qu'on s'y intéresse(et puisqu’il semble qu’il soit depuis peu devenu introuvable sur le net, je veux bien le graver à ceux qui seraient tentés). Pour quelles raisons ? D'abord parce que c’est une adaptation très réussie du roman de Zola. Ensuite parce que Gérard Philipe et Danielle Darrieux y sont merveilleux. Et enfin parce que c’est un film de 1957 qui est incontestablement mo-derne.

Pot Bouille de Zola raconte l’arrivée du jeune Octave Mouret à Paris. Souvenez vous, c’est lui le Mouret de Au Bonheur des Dames, le génial homme d’affaire, charismatique, brillant, enthousiaste !

Le jeune homme, venu de Plassans (l’équivalent littéraire d’Aix-en-Provence) s’installe dans la capitale pour faire carrière. En matière commerciale, le « bel Octave » se sait talentueux. Très talentueux. La seule chose qui lui manque, c’est l’admiration (et pourquoi pas un peu plus ?) de toutes les femmes de Paris. Octave devient alors commis dans une petite boutique de confections, Au Bonheur des Dames, et emménage dans un immeuble bourgeois parisien.

Pot Bouille, c’est l’histoire des résidents de ce grand immeuble. Et autant dire que tous ces bourgeois sont loin d’être aussi respectables qu’on le dit. Dans le couple Duveyrier, Monsieur trompe Madame. L’étage au-dessus, c’est Madame Vabre qui trompe son mari. Un étage plus haut, Madame Josserand, qui rejoue les Mrs Bennet d'Orgueil et Préjugés, veut caser ses filles à tout prix (avec un homme riche, de préférence). Dans ce bel immeuble, il y a les "jouisseurs" (discrets) et les autres (en petit nombre). Inutile de dire qu'Octave en profite. A quoi bon aller chercher les jolies femmes ailleurs quand il y en a tant dans la maison ?

Le terme "pot bouille" désigne au XIXème siècle la "popote" des ménages. La vie de ce grand immeuble bourgeois n’est en réalité qu’une mauvaise bouillie, un mélange peu ragoûtant, où finalement RIEN n’est reluisant.

Je me souviens avoir aimé le roman. Même si c’est un peu pesant et un peu lourd. Parce que Zola y fait de l’humour noir (très noir, je le concède). Et surtout parce qu’on y voit les débuts pas si maladroits que ça de notre cher Octave Mouret.

Le film de Duvivier est une franche réussite. Tout en distillant le message de Zola : « les bourgeois du XIXème n’ont que l’apparence de la respectabilité », le film redonne de la légèreté à l’histoire. Le traitement de la musique est moderne pour un film de cette époque, et égaye des situations qui auraient sinon pu paraître sordides. Certaines scènes qui faisaient un peu "too much" dans le roman disparaissent, mais sans que cela ne soit gênant. Ce qui passait par la surenchère de l’auteur, est véhiculé dans le film par un je-ne-sais-quoi d’humour (toujours noir, n’exagérons rien) et d’enthousiasme.

Dans Pot Bouille, j’ai aussi aimé qu’Octave Mouret soit légèrement différent de celui du livre. C’est un Octave visionnaire, déjà tourné vers Au Bonheur des Dames, plus sûr de lui que dans le roman, plus séduisant aussi. Sur ce coup là, je tire mon chapeau à Gérard Philipe. Son interprétation (que certains jugent trop théâtrale cependant) est parfaite. Il est à la fois le jeune homme arrivé du sud, un peu frimeur, un peu maladroit (il finit tout de même par mettre la pagaille dans cet immeuble si rangé !), à la fois le génie commercial en devenir. Mouret est aussi quelqu’un qui met la dignité au premier plan. Et apporter de la dignité dans ce monde aussi peu reluisant, c’est ce que Gérard Philipe parvient à faire sans problème.

Mon seul regret concerne Madame Hédouin, la propriétaire d'Au Bonheur des Dames, magistralement incarnée par Danielle Darrieux. Sans doute pour donner une touche romanesque au film (qu’on ne trouve pas du tout dans le roman, bien sûr), il a fallu que la jeune femme soit elle aussi victime du charme d’Octave Mouret. Dans le roman, ce-dernier l’admire et la respecte. Elle est une femme sage et indépendante. Dans le film, elle n’est qu’une conquête de plus de Mouret, disons LA conquête du jeune homme (en gros : il ne respecte vraiment aucune femme celui-là !). J’ai donc trouvé dommage pour elle qu’elle succombe aussi (attention je ne dis pas que c’est désagréable !).

On ne s’ennuie pas un seul instant devant Pot Bouille. D’un roman parfois rébarbatif ou écœurant, Duvivier fait un film moderne, souvent drôle, au rythme enlevé et aux personnages pittoresques. Au centre de ce petit monde, Octave Mouret, impitoyable séducteur, à qui on ne peut en vouloir tant il est souriant, aimable, fin. Pot Bouille me fait regretter amèrement une adaptation réussie de Au Bonheur des Dames.

lundi 12 juillet 2010

→ L'AUBERGE DE LA JAMAÏQUE - DAPHNE DU MAURIER

Après un échec cuisant pour visionner le film d’Hitchcock, L’Auberge de la Jamaïque, (la qualité du DVD était épouvantable), j’ai décidé de lire le roman, écrit en 1935 par la romancière anglaise Daphné du Maurier (écrivain du célèbre Rebecca). J’ai passé un très bon moment en lisant ce roman.

Angleterre, 1820. A la mort de sa mère, la courageuse Mary Yellan est contrainte de quitter sa petite ferme du sud de l’Angleterre (à côté d’un familier Helston !) pour aller vivre auprès de ses oncle et tante. La vie de la jeune femme change du tout au tout. Son oncle est le terrifiant tenancier de l’Auberge de la Jamaïque, vieille bâtisse humide et crasseuse, isolée en pleine Cornouailles, au beau milieu de la lande sinistre. Joss Merlyn annonce la couleur à sa nièce : personne ne vient jamais à l’auberge, et il s’y passe des choses effrayantes qu’elle ne doit surtout pas chercher à connaître.

Mary découvre peu à peu à quoi sert l’Auberge de la Jamaïque. Son oncle est le responsable d’un large réseau de contrebande, qui part de la côte Atlantique et s’étend tout le long de la grande route qui traverse la lande (la seule habitation présente sur cette route étant La Jamaïque). De découverte en découverte, l’intrépide jeune femme s’épuise.

Alors qu’elle en vient à éprouver pour son oncle mépris et dégoût, elle se sent prisonnière : comment dénoncer les contrebandiers alors que sa malheureuse tante, soumise à son oncle comme un chien fidèle, est à sa merci ? Que faire lorsqu’il n’y a pas âme qui vive à des lieues à la ronde ? Et puis, qui dit que les étrangers ne vont pas la croire de mèche avec Joss Merlyn ?

L’Auberge de la Jamaïque est un vrai roman d’aventure, dans la plus pure tradition anglaise. Daphné du Maurier dresse de superbes tableaux de la lande, tous différents. La lande déserte et désolée, marécageuse, battue par les vents glacials de l’hiver, couverte de bruyère et de pousses d’herbe brune, surplombée par d’imposantes masses de granit, souvent plongée dans un épais brouillard gris et froid.

L’auteure est très habile dans l’évocation des lieux : la lande, la Jamaïque (cette vieille auberge, pleine de murmures et de secrets inquiétants), la petite maison du vicaire, les intérieurs sombres des coches, la ville de Launceston... On est envoûté, sans possibilité de s'échapper.

Les personnages sont très bien dessinés eux-aussi. A mesure que l’histoire avance, je me suis surprise à hésiter quant à mes sentiments pour chacun d’eux. Les "méchants" finissent par susciter la pitié, et les "gentils", sont complexes et tous fascinants.

Joss Merlyn nous effraie au départ, avec sa grande taille, sa tête de singe, et ses larges mains, parfois délicates, qui font frémir Mary. Auprès de lui, la tante Patience, auparavant si gaie, et à présent constamment angoissée, timorée et faible. Quant à Mary Yellan, c’est une héroïne douce, courageuse, intrépide, et parfois naïve. Je l'ai trouvée intéressante et attachante.

Pour aider la jeune femme, bien souvent livrée à elle-même, deux messieurs. Il y a d’abord Jem Merlyn, le frère de l’aubergiste, plaisantin au cœur dur, pour lequel Mary vient à avoir un faible ; et puis le très particulier vicaire albinos, Francis Davey, que j'ai littéralement adoré, et que je classe parmi les personnages de roman qui m'ont le plus marquée. Mention spéciale donc pour Francis Davey, parce qu'il m’a réellement fascinée. La voix douce, le regard froid, beaucoup de tact, et une très grande intelligence … trop grande ? Assez en tout cas pour mettre le lecteur mal à l’aise ! Les scènes avec lui sont passionnantes, et ajoutent beaucoup de suspense à l'intrigue.

Donc pour l’atmosphère bien romanesque, bien lugubre, et un brin fantastique, j’ai beaucoup apprécié ce livre. Ceci dit, j’ai trouvé qu’il avait un peu "pris de l’âge". On trouve aujourd’hui de nombreux romans dont l’intrigue est parfaitement menée du début à la fin. Au contraire, j’ai trouvé ici que le récit était parfois maladroit.

Inutile de m'attarder. Parce que finalement, ces quelques maladresses ne sont que la marque de l'époque d'écriture du roman, et donnent au texte un certain charme suranné (désolée, je ne trouve pas d'autre mot !). Juste une petite chose tout de même. J'ai beaucoup aimé que le dénouement de l'intrigue soit inattendu (pour moi en tout cas). Mais justement, pourquoi avoir apporté ces éléments si captivants à la fin de l’histoire seulement ? Daphné du Maurier aurait pu apporter plus d'indices tout au long du roman, ce qui aurait sans doute donné encore plus de suspense à l'histoire (ceci dit, c'est peut être seulement moi qui suis passée à côté des détails !).

Bref, pour ceux qui aiment les histoires très anglaises, qui apprécient l'aventure en pays hostile et humide, qui veulent rencontrer des personnages atypiques, et qui sont prêts à se laisser prendre au jeu (contrebandiers, voleurs de chevaux, alcool à volonté, héroïne courageuse et sensible à la fois, et risque de se perdre dans la lande inhospitalière ...) ! A ceux-ci, je dis : n'hésitez pas à pousser la porte de L’Auberge de la Jamaïque !