→ LE LIVRE DES ETOILES - ERIK L'HOMME

Voici une lecture parfaite pour la rentrée, une bouffée de bonne humeur… et de nostalgie ! La trilogie fantastique (plus précisément "fantasy") du Livre des Etoiles, écrite par Erik L’Homme.

Tout d’abord, écartons un préjugé largement répandu, qui veut que la littérature jeunesse soit une sous-littérature. Tout dépend de ce qu’on recherche ! Dans la littérature jeunesse, on ne trouvera pas (sauf exception) les sempiternelles phrases convenues qui parlent du sens de la vie ou de la nature humaine. Nombreux de ces romans (d’accord, pas tous) sont sans prétention, et pour cela, je dis bravo !

La littérature jeunesse a pour vocation de faire voyager les lecteurs, de les inciter à aller de l’avant et de les faire rêver. C’est pour moi ce que la littérature peut apporter de meilleur. Un bon roman doit transporter le lecteur, et lui raconter une histoire. Et s'il le fait réfléchir, j’aime que ce soit par petites touches, implicitement.

Si on souhaite élargir ses horizons, Erik L’Homme est l’écrivain idéal ! Franchement, qui déciderait de partir, ses études tout juste achevées, à la recherche du yéti dans les montagnes du Pakistan ? Ou de se lancer à la chasse au trésor, aux Philippines, pour dénicher le trésor caché par les japonais à la fin de la seconde guerre mondiale ? Erik L’Homme l’a fait, et je trouve ça complètement fou ! Mais ses ouvrages en retirent une grande richesse, et on devine en filigrane les rencontres qu’il a pu faire et les paysages qu'il a traversés.

Retour à nos étoiles. Le Livre des Etoiles est une trilogie de grande qualité, qu’on peut lire à partir de 10 ans (c'est-à-dire aussi au-delà !). La saga a eu beaucoup de succès, en France comme à l’étranger, et c’est un succès mérité.

Carte du Pays d'Ys, conçue par Vincent Brunot

L’histoire se déroule dans le Pays d’Ys, qui, selon la légende, est un petit morceau arraché à la Bretagne et perdu dans les méandres d’un autre monde. L’auteur en a fait un petit coin de paradis, situé entre le Monde Incertain (peuplé d’étranges créatures, de populations nomades, de truands en tout genre, et placé sous la domination de l’Ombre – une créature terrifiante, qui a beaucoup d'élégance parce qu’elle se balade enveloppée d'un manteau de ténèbres) et le Monde Certain (un endroit charmant : notre monde).

Le Pays d’Ys, c’est un peu comme la France (disons la Bretagne), mais les inconvénients en moins. On oublie les voitures, on remplace les policiers par la Confrérie des Chevaliers du Vent, et on ajoute la Guilde des sorciers (qui pratiquent la magie des étoiles, enfermés dans la grande forteresse de Gifdu, ou comme poursuivants dans le Monde Incertain) et quelques créatures sympas comme les korrigans (si si, ils sont sympas). Ys est un havre de paix, où les enfants ont parfaitement leur place, et où tout le monde vit en harmonie avec la nature (les landes battues par le vent, les forêts vertes et accueillantes, la mer...).

Erik L’Homme nous fait partager les aventures du jeune Guillemot de Troïl, garçon timide, dévoué et futé, qui devient l’apprenti du meilleur sorcier de la Guilde : j’ai nommé le grand Qadehar (j'adore Qadehar, sévère et attachant à la fois). L’apprenti fait des progrès rapides… et on comprend bientôt que ses talents intéressent l’Ombre, terreur d’Ys et du Monde Incertain. Sur un malentendu, une fille se fait enlever à la place de Guillemot.

Même si ladite fille est la terreur du collège, Guillemot, devant l’inaction des autorités, décide de partir la secourir dans le monde incertain.

La découverte d’Ys et de la magie des graphèmes, en compagnie de Guillemot et de Qadehar, est déjà un grand moment de plaisir pour le lecteur. Mais quand le garçon part dans le Monde Incertain, en compagnie de ses quatre meilleurs amis (Romaric le brave qui veut devenir chevalier, Ambre un brin garçon manqué, sa sœur jumelle Coralie bien coquette, et le flegmatique Gontrand, musicien de génie –mon préféré) les choses deviennent franchement plaisantes. J'ai aussi envie de mentionner Bertram, jeune sorcier vantard et irresistible qui apparaît dans le second tome.

Dans les trois romans, aventures, humour, et rencontres en tout genre sont au rendez-vous (on rencontre des korrigans, des nomades vivant dans le désert ou sur la mer, une magicienne impressionante qui se dit au-delà du bien et du mal, Gérald le sorcier informaticien de la Guilde, l'étrange Seigneur Sha et son grand manteau de velours rouge, Tofann le géant qui protège les caravanes des marchands...). Le lecteur voyage, respire, tremble de peur aussi...

Je suis admirative de la manière dont Erik L’Homme croque ses personnages. On ne peut pas être insensible à leur bonne humeur, leur courage et leur humanité. Admirative aussi quant à la façon dont le récit est ficelé : le premier tome est une aventure à lui seul, mais pose les bases de quelque chose de plus captivant encore. Les trois tomes sont parfaitement cohérents les uns par rapport aux autres. Il ne font qu'un tout, passionnant et bourré de suspense. C'est bien simple, si on commence, on ne peut pas s'arrêter !

Qui est l’Ombre ? Pourquoi Guillemot l'intéresse-t-il tant ? Le jeune apprenti parviendra-t-il à en réchapper ? Comment les forces en présence se regrouperont-elles pour affronter l'Ombre ? Où est passé le Livre des Etoiles, source de la magie des graphèmes ? Quel rôle joueront ils tous, amis de Guillemot, Qadehar… ? Qui est vraiment le père de Guillemot, mari de la tendre Alicia ? Retrouvera-t-on à la fin tous les personnages ? Comment fonctionne donc la magie des étoiles ?

En relisant la trilogie, j’ai eu le sentiment de prolonger mes vacances. De retourner en enfance aussi (les aventures de Guillemot m’ont rappelé celles du célèbre Club des Cinq). Le Livre des Etoiles est un incontournable. C’est une lecture mystérieuse, drôle et captivante, qui garde tout du long un je-ne-sais quoi de candeur que je trouve merveilleux. On se sent bien à Ys, et on ne demande qu’à y retourner. Erik L’Homme, s’il vous plaît, écrivez une suite ! Parents : offrez-le à vos enfants ! Et vous qui êtes des adultes, laissez vous tenter ! (c’est bien de rêver de temps en temps).