→ LES DEUX INCONTOURNABLES DU MOMENT !

Un peu moins de deux semaines avant la cérémonie des oscars, voici le bilan rapide de mes deux dernières sorties au cinéma. Au menu, les films dont tout le monde parle en ce moment. Le très "british" Discours d’un Roi et le bien particulier Black Swan.

₀ Le Discours d'un Roi - Tom Hooper... élégance et sobriété

Je savais que Le Discours d’un Roi me plairait. Ce n’est pas le genre de film qui est bourré de suspense, ou plein d’effets spéciaux. Tout est dans la sobriété, l’élégance et la finesse.

Pour ceux qui seraient passés à côté, The King’s Speech évoque l’accession au trône d’Angleterre de George VI, contraint de devenir roi au départ de son frère (ce-dernier choisit d’abdiquer afin de pouvoir épouser la femme qu’il aime, Américaine deux fois divorcée, épouse inacceptable pour un souverain britannique). Le hic, c’est que George VI (ou Bertie) a depuis toujours de graves problèmes d’élocution. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, il lui faut fédérer son pays, ainsi que tout l’empire colonial du Royaume-Uni. S’engage alors un combat contre lui-même, son bégaiement et sa peur du regard des autres.

Je préfère prévenir tout de suite. Le Discours d’un Roi ne parle pas vraiment de l’importance de la communication en temps de guerre, ni précisément des événements de l’époque. Ce qui est central, c’est la relation qui va lier Bertie à son orthophoniste, Lionel Logue. Ce-dernier est un homme pauvre, sans diplôme, un artiste raté même, mais qui est plein de bon sens, d’humour et d’idées nouvelles… et qui n’a pas la langue dans sa poche (disons qu’il remet un peu en place « Your Royal Highness » et que cela ne lui fait, à mon sens, pas de mal !).

Alors comment dire… Je ne sais pas encore si je donnerais l’oscar du meilleur film au Discours d’un Roi (rappelons qu’il est le favori de l’édition 2011 des oscars avec 12 nominations à son actif). J’étais dans un tel état d’impatience pendant le film et j’ai peur d’avoir manqué par moments toute la puissance du film. Et puis je l’ai vu en VO (sous-titrée quand même), et même si je m’en sors en Anglais, je sais que de nombreux détails m’ont échappé (parce que le plus important dans ce film, c’est le texte). Dans ces conditions, difficile de bien juger. Je n'ai peut être pas aimé ce film autant que je m'y attendais.

Je me contenterai donc de dire que nous avons ici affaire à un très beau film, qu’il faut absolument voir, et devant lequel j’ai passé un très bon moment. Dans Le Discours d’un Roi, tout est dans le scénario et dans le jeu des acteurs. La mise en scène et les costumes sont d’une sobriété et d’une élégance sans faille, et la musique d’Alexandre Desplat est elle-aussi impeccable. Mais décidément, ce qui m’a marquée, c’est la qualité du texte et le talent du trio d’acteurs.

Les dialogues sont finement écrits, drôles (humour anglais irrésistible !), et avant tout émouvants. Et pour les dire Colin Firth (touchant dans son désarroi, il est parfait ! ; Geoffrey Rush (je suis complètement tombée sous son charme ici, même si j’aimais déjà bien Barbossa de Pirates des Caraïbes. Logue est sincère, impulsif, parfois même "cabotin" … l’acteur est bluffant !) ; et Helena Bonham-Carter (parfaite elle-aussi dans le rôle de la reine mère, présence bienveillante et rassurante aux côtés de son mari).

Rien que pour ces trois là, il faut aller voir Le Discours d’un Roi. On sent qu’on a là des acteurs de très haute volée (et remarquons qu’il est rare d’avoir toute une brochette d’acteurs si doués). C’est surtout grâce à eux qu’on éprouve tristesse, compassion et inquiétude, et le film tire énormément de force de leur talent. Je suis ressortie du cinéma touchée, et heureuse d’avoir passé un très bon moment.


₀ Black Swan - Darren Aronofsky... dérangeant et prenant

Si je suis allée voir Black Swan, c’est parce que 1/ je voulais voir moi-même en quoi Natalie Portman était si épatante, 2/on me l’a conseillé à de nombreuses reprises, 3/j’ai toujours eu un certain attachement pour la danse classique et bien-sûr j’aime le Lac des cygnes, 4/je voulais savoir pourquoi il y avait une telle effervescence autour d’un film qui finalement n’est pas vraiment tout public (pour ma part, j’avais déjà été impressionnée par la bande annonce).

Bref, j’ai enfin pu voir Black Swan, et a priori, je ne le regrette pas. Le film raconte la lente plongée dans la folie de la jeune Nina, danseuse étoile tout juste choisie pour interpréter la "swan queen" du Lac des cygnes. Nina est une travailleuse acharnée, et ses mouvements sont techniquement parfaits. Elle parvient sans mal à danser la naïve et douce Odette, le cygne blanc du ballet qui tombe sous le charme du prince. En revanche, impossible pour elle d’atteindre la perfection dans le rôle du cygne noir : Odile est une séductrice, fascinante, dont l’interprétation demande avant tout du lâcher-prise et de la sensualité.

De fil en aiguille, Nina va perdre tous ses repères. Etouffée par sa mère qui fait revivre en elle ses espoirs de danseuse, poussée à bout par le chorégraphe du ballet qui lui reproche constamment d’être froide et rigide, et fascinée par Lily, danseuse parfaitement à l’aise avec son corps, Nina s’égare progressivement, jusqu’à perdre la raison.

Black Swan n’est pas le genre de film que j'ai l'habitude de voir. Je m’étonne d’ailleurs de toute l’agitation qui l’entoure. Non pas qu’il ne la mérite pas, j’imagine que c’est un très bon film du genre. Mais c’est loin d’être le type de film que tout le monde va voir d’ordinaire.

Pour ma part, je ne peux pas dire que j’ai passé un bon moment (normal !)… mais j’ai été la plupart du temps complètement absorbée par le film, qui happe le spectateur dès les premières minutes. Certains passages sont filmés caméra sur l’épaule, et il m’a semblé que les images avaient un "gros grain", le tout donnant beaucoup de réalité au film. Pas de doute, on est dans Black Swan, et pas devant l’écran.

J’ai oscillé entre crispation et fascination pendant ce film. C’est un peu comme le trop grand contrôle de lui-même du cygne blanc (avec lui on étouffe) et la violence du cygne noir (qui fascine, puis effraye). Signalons au passage que les moments "gores" du film (je ne vois pas d’autre mot… les ongles, limes à ongles, miroirs, ailes et cie me font froid dans le dos… en écrivant ces mots, je grimace encore) ne sont pas ceux que j’ai préférés, et il y a quand même un peu de surrenchère. Ce qui est sûr, c'est que la folie de Nina étourdit le spectateur, qui ne sait plus vraiment démêler la réalité du cauchemar.

En fait, j’ai profité des moments de danse qui sont des pauses bienvenues. La musique de Tchaïkovski (superbe) est très présente. La seule chose que je regrette, c’est que tout ce gâchis (j’entends la folie progressive de Nina et l’ambiance éprouvante du film) viennent entacher le merveilleux du ballet tel que je l’ai toujours perçu. Idem pour les décors du ballet, pour le moins métalliques. J’espère que je parviendrai à revoir et réécouter le Lac des cygnes avec autant d’émerveillement qu’avant.

Un petit mot sur les acteurs quand même. Je suis bien en peine de parler de Natalie Portman. Je ne parviens pas à savoir si elle joue si bien. Au bout du compte, je n’ai vu que Nina et non plus l’actrice. Je suppose que c'est signe que Natalie Portman joue à la perfection, cygne noir, ou blanc, ou les deux, ou entre les deux... malgré tout, je n'arrive pas à dire si je suis, ou non, impressionnée. Pour ce qui est de Vincent Cassel, en revanche, je peux dire qu’il est assez doué. Il met mal à l’aise autant qu’il attire, et on comprend les réactions de Nina en sa présence.

Alors comment dire ? Black Swan est un film prenant et perturbant, et dans ce sens, on peut dire qu’il est réussi. Même si je suis sortie soulagée (« oui, je suis équilibrée, ouf »), ce film pose des questions quant aux rôles qu’on peut avoir à interpréter (danser ou jouer). Jusqu’où un danseur sera-t-il prêt à aller pour incarner son personnage ? La perfection est plus que l’apparence des sentiments. Dans ce cas, il s’agit de ressentir ce que son personnage vit. Mais où est la limite à ne pas franchir ? Elle est bien plus proche que ce qu’il y paraît, et c’est vraiment effrayant.

Ceci dit, ce film me marquera-t-il durablement ? Je n'en suis pas si certaine. Affaire à suivre...