dimanche 19 février 2012

→ DES COQUELICOTS, UNE TAUPE ET ADRIEN BRODY : 2012 COMMENCE BIEN !

Que c’est agréable de n’aller au cinéma que pour y découvrir de bons films ! C’est tellement plaisant, enthousiasmant ! Depuis le début de l’année, j’ai vu 5 films (dont 4 en une semaine, et sans carte UGC illimitée s’il vous plaît !). Avant que je n’aille voir The Iron Lady, puis War Horse, dans les semaines à venir, voici un petit récapitulatif des films que j’ai vus ces-derniers jours. Tous m’ont enchantée !

Je ne parlerai pas ici de The Artist (que j’ai revu hier avec encore plus de plaisir que la première fois, si l’on excepte les gens derrière moi qui ont parlé tout du long. Voir un film si différent, et vraiment réussi, c’est tout de même très chouette !).

Idem pour La Menace Fantôme (je suis juste très heureuse d’avoir vu - bon revu, mais la première fois ce n’était que par accident et je ne connaissais absolument pas Star Wars - ce premier Star Wars au cinéma, même si je ne suis pas folle de la 3D ! Ici elle n’est pas très prononcée, mais pas mauvaise non plus, notamment aux moments des courses de modules ou du générique !). Bref, ce film n’est pas le meilleur de la série, mais c’est malgré tout un réel plaisir d’avoir la musique de John Williams à fond, et Liam Neeson en gros plan.

La Colline aux Coquelicots - Goro Miyazaki... délicatesse et poésie

J’ai commencé l’année avec La Colline aux Coquelicots, de Goro Miyazaki (le fils du grand Hayao). Très joli film, émouvant et poétique, sans le versant surnaturel généralement présent dans les œuvres de Miyazaki-père (mais qui ne me manque pas particulièrement). Quoi que certains puissent dire, j’ai trouvé ce film aussi réussi que ceux de Hayao, mais seulement dans un registre bien différent (un peu à l’image d’Arrietty).

L’histoire se passe au Japon dans les années 60. D’un côté, Umi, adolescente solitaire et réservée, qui hisse tous les jours le drapeau de la maison en souvenir de son père disparu en mer. Et de l’autre, Shun, qui souhaite sauver le Quartier Latin (splendide bâtisse pleine d’histoires, et refuge des étudiants) de la destruction.

La Colline aux Coquelicots est un bien joli film, apaisant et agréable. Le genre de film qui fait voyager, et dont on ressort comme si on était parti en vacances. La musique est magnifique, l’atmosphère est douce, et les personnages, dans leur réserve et leur délicatesse, sont très attachants. Un peu plus qu’une histoire d’amour, La Colline aux Coquelicots est aussi un joli tableau de la jeunesse (et de son enthousiasme !), un appel au respect du passé et à l’amitié.

La Taupe - Thomas Alfredson... le summum du film d’espionnage !

Tinker, Tailor, Soldier, Spy, voilà le titre original de cet excellent film d’espionnage, adaptation du roman du même nom de John Le Carré. Immersion totale dans le monde feutré et sans pitié des espions du MI6, en pleine guerre froide. George Smiley, ancien haut responsable des services secrets britanniques, apprend qu’un agent de l’URSS se trouve à la tête du MI6.

Smiley entreprend de découvrir son identité. Qui est donc la taupe, celui qui les trahit si abominablement ? Quatre suspects, tous à la tête du MI6, tous d’anciens frères d’armes de Smiley. Ne pouvant compter sur personne d’autre que lui-même, Smiley débute un cheminement intellectuel et douloureux qui lui apportera la réponse.

Dans ce film, très peu d’action. Je tiens à le dire parce qu’au cinéma mon voisin de gauche n’arrêtait pas de soupirer d’impatience, et a même lâché un « Enfin ! » (carrément révoltant) à la fin du film ! Mieux vaut aller voir La Taupe en connaissance de cause. Smiley ne mène pas à proprement parler une enquête, mais il réfléchit, analyse, plonge dans ses souvenirs, et quitte à peine son bureau. La Taupe est un film lent, peu bavard, mais précis et intelligent. L’intrigue et la chronologie sont d’ailleurs un brin complexes, donc mieux vaut rester concentré au départ.

Des dialogues finement écrits, une esthétique tout bonnement fascinante (plongée impitoyable dans les années 70, toutes les images sont grises, vertes, marrons, et le cuir et le velours sont partout), un ensemble froid, dur et élégant, La Taupe a une distinction implacable, intimidante. Si je devais ne donner qu’un mot au film, ce serait "classe".

Plus encore que l’identité de la taupe (voilà, je sais qui c’est, mais je ne vous le dirai pas !), c’est la personnalité, l’identité, le mode de pensée et l’implacable solitude des espions qui sont au centre du film. Gary Oldman, qui interprète Smiley, est tout bonnement parfait. Il est celui dont le visage n’exprime rien, celui qu’on ne doit pas remarquer lorsqu’on le croise dans la rue. Et pourtant, on apprend peu à peu à deviner ce qu’il ressent.

Le film repose essentiellement sur les personnages, et nous les présente par petites touches, de-ci de-là. Et comme les acteurs sont tous excellents, alors… ! Et quelle distribution franchement ! John Hurt (qui parle avec la même voix que le dragon de Merlin !), Colin Firth séducteur plutôt antipathique et pas toujours subtil, Benedict Cumberbatch (la première fois et sûrement pas la dernière que je parle de Benedict sur mon blog !), Mark Strong, Ciarán Hinds…

Et quand on pense que le réalisateur ne fait en général que deux prises par scène, là où Kubrick peut en faire 70 (dixit Gary Oldman dans une interview, où il expliquait avoir été un peu paniqué au départ), je dis chapeau ! (et si d’aventure Jane Austen allait voir La Taupe, elle serait heureuse d’y trouver Messieurs Darcy, Knightley et Wentworth, ce qui n’est pas rien, vous en conviendrez !).

L’atmosphère de La Taupe est unique, et je ne suis pas certaine de parvenir à en dessiner les contours ici. Le mieux est que vous alliez vous rendre compte par vous-même. Ce film est certainement un chef d’œuvre.

Je ne regrette qu’une seule chose : que les BAFTAS ne lui aient pas rendu un hommage plus appuyé. The Artist, même si j’adore ce film, balaye tous ses concurrents, même sur leurs propres terres, et ça me fend le cœur de voir un film comme La Taupe manquer des titres mérités. Le scénariste de La Taupe, récompensé pour le BAFTA du meilleur scénario adapté a d’ailleurs remercié The Artist de n’être pas inspiré d’un livre ! Et que dire de Gary Oldman ? Dans La Taupe, il est pourtant à peine plus bavard que Jean Dujardin ! The Artist a toutes ses chances aux Oscars, pourquoi ne pas laisser les BAFTAS à La Taupe ? (et d’ailleurs, qu’est ce c’est que cette idée de vouloir choisir entre ces deux films là ?).

Detachment - Tony Kaye... pourquoi il ne sert plus à rien de se battre

C’est la deuxième fois que je vais seule au cinéma, et encore une fois c’est pour Adrien Brody (la première fois, c’était pour Predators !). Adrien Brody est un de mes acteurs préférés, et a priori un des seuls, Gérard Philipe mis à part, qui ne soit pas britannique ! Et dans Detachment, il est parfait. Il a toujours la même élégance, le même détachement (tout à fait à propos), le même naturel dans son jeu, même si on le sent cette fois-ci constamment sous tension.

Bref, Detachment, n’a rien à voir avec Predators. Certainement, je peux dire que j’ai aimé ce film, mais je l’ai trouvé infiniment triste. C’est un film qui a une identité bien particulière, plutôt sobre et minimaliste, et que certains ont qualifié à juste titre de "stylisé". C’est un peu comme si on accédait à une réalité différente de la nôtre (celle du réalisateur ? Du personnage principal ? Je n’ai pas vu American History X du même réalisateur, donc je ne sais pas s’il ne s’agit pas tout simplement ici de quelque chose propre à Tony Kaye). Le film n’est pas tout à fait réaliste, et pourtant les images sont parfaitement réelles, sans fioritures.

Etats-Unis, aujourd’hui. Henry Barthes, professeur d’anglais, arrive dans un mauvais lycée de la banlieue new-yorkaise. Henry a choisi d’être remplaçant, parce qu’il sait que cela ne sert à rien de se battre pour faire évoluer les élèves qui ne s’en sortiront de toute façon jamais. Il vit comme une ombre, détaché de lui-même et du monde environnant.

En aucun cas, il ne souhaite s’impliquer dans la vie des gens qui l’entourent, parce qu’il sait ou croit qu’il ne pourra rien leur apporter. Parmi eux, il y a son grand-père qui perd la raison, et deux adolescentes égarées : Erica qui se prostitue (l’actrice m’a vraiment fait penser à Emma Watson, ce doit être la coiffure !), et Meredith qui cherche à exprimer son mal-être par la photographie.

Si Detachment nous parle essentiellement de la société américaine et du système éducatif, c’est aussi un peu notre mode de pensée (qui consiste à ne plus penser justement), notre façon de vivre qui sont évoqués. Detachment, plus qu’un film réellement harmonieux, est un ensemble de petites scènes, qui tentent de donner au spectateur quelques pistes de réflexion. Certains passages sont des interviews d’Henry Barthes, d’autres sont des extraits de la vie du lycée, de ses élèves et de ses enseignants, et d’autres encore sont des fragments de la vie d’Henry Barthes.

J’ai trouvé Detachment profondément triste. Je me suis sentie réellement désolée devant le triste tableau que Tony Kaye nous dresse. Rien dans ce film, du début à la fin, n’est positif. Tous les protagonistes subissent leur existence. Les jeunes enseignants ne manquent pas d'idées, mais finissent par craquer complètement ou baisser les bras, et les élèves sont livrés à eux-mêmes et victimes de leur environnement.

Ce que j’ai trouvé vraiment triste, c’est que Detachment n’est même pas une incitation à agir. C’est un film désespéré, résigné. En bref, c’est le constat qu’il n’y a plus rien à faire, que nous ne réfléchissons pas, ne lisons plus, que les parents ne font plus d’effort pour s’occuper de leurs enfants (quand ils ne les font pas souffrir), que chacun est dans sa bulle et ne pense qu’à lui, et que tout ceci (entre autres, puisque comme je l’ai dit le film est un avant tout un patchwork de réflexions) est irrémédiable.

Henry Barthes le dit : ceux qui croient pouvoir faire quelque chose prendront vite conscience de leur impuissance, et le monde est tellement complexe que nous pouvons seulement faire diversion pour supporter d’y vivre. Le filme s’ouvre sur cette citation d’Albert Camus : « Jamais je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde ».

Et pourtant, Henry Barthes ne parvient pas à être si détaché que ça, et il y a peut-être deux scènes qui laissent entrevoir un tout petit peu d’espoir. Mais peut-être que ce sont mon caractère, ou mon âge qui m’ont fait voir cet espoir ? Le fait est que Detachment est un film terriblement désabusé, et qui, au bout du compte, fait réfléchir.

3 commentaires:

  1. Bonjour,
    je viens de tomber sur ton site, et je tenais à te dire qu'il est vraiment génial.
    Peut-être est ce parce que je partage les mêmes idées que toi mais en tous cas, cela fut un ravissement de voir combien l' art compte pour toi.
    Je trouve personnellement qu'il n' y a pas mieux pour imaginer ce que pourrait être la vie sans tous ces maux qui nous accompagnent...
    P.S : la photo qui se trouve en tête de ton site est magnifique.

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  2. Bonjour Enzo,
    Je te remercie ! J'essaye toujours de faire du mieux que je peux pour transmettre mon enthousiasme, lorsque j'aime un livre, un film ou un artiste, mais je ne suis pas certaine de toujours y arriver.
    Ceci étant, mon blog n'est qu'un petit passe-temps, et je pense qu'il y en a de nombreux plus intéressants, plus complets ou mieux écrits que le mien !
    Et pour info, la photo en en-tête vient de la mini-série de la BBC North and South.

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  3. J' apprécie ta modestie. Mais être modeste n' est ce pas être réaliste....
    J'ai lu le dossier que tu avais fait sur la pièce "du vent dans les branches de sassafras". Avec mon "groupe" théâtre, nous sommes allés voir celle interprétée par la Fox Compagnie et j'ai également adoré.
    C' est donc en voulant me renseigner sur l'auteur que je me suis retrouvé sur ton site.
    Je partage ton point de vue au sujet du film que tu conseilles, je suis un passionné de Woody Allen.Je me permets de croire que tu es en vacances, comme l' indique la date de ton précédent message, alors je te souhaite une bonne continuité....

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